Résumé
L’exhumation de femmes philosophes et la réflexion sur leur inclusion dans les corpus est la meilleure chose qui soit arrivée à l’histoire de la philosophie moderne depuis bien longtemps. Elle est en effet tout d’abord le lieu où se réfléchissent de la manière la plus dynamique et la plus aiguë les méthodes de l’histoire de la philosophie, entre contextualisme et appropriationisme. Elle légitime ensuite puissamment l’intérêt qu’il y a à faire de l’histoire de la philosophie : chaque pensée se nourrit d’un travail collectif de constitution de problèmes et de débats où les femmes jouent un rôle important.
Il incombe à toutes celles et tous ceux qui étudient la philosophie de l’époque moderne de montrer que dans tous les cerveaux on peut creuser de nouveaux sillons, voire « révulser les esprits animaux », c’est-à-dire les pousser à changer de route pour sortir des sentiers battus. Cette méthode peut révulser au sens courant du terme, c’est-à-dire heurter et terrifier car notre vision acquise de la philosophie (notamment au cours de nos études) et transmise par de solides traditions semble évidente et cohérente. La modifier a quelque chose de choquant. La révulsion est cependant également un demi-tour (une révolution, écrit même Furetière dans son Dictionnaire à l’article « Révulsion »). Elle pousse à faire retour sur nos pratiques en histoire de la philosophie. Elle constitue donc une réflexion nécessaire sur la philosophie moderne.
Caractéristiques
Sommaire
Marie-Frédérique Pellegrin – Philosophes et philosophesses. Pour une nouvelle histoire de la philosophie moderne (canons et corpus)
Lisa Shapiro – Canon, genre et historiographie
Rebecca Wilkin – Impact, influence, importance : comment « mesurer » la contribution des femmes à l’histoire de la philosophie ?
Marguerite Deslauriers – La Querelle des Femmes et l’histoire de la philosophie féministe
Karen Detlefsen – Genre littéraire, méthode, et portée de la philosophie : le cas des préfaces de Margaret Cavendish
Delphine Antoine-Mahut – Figures de Descartes dans l’historiographie française au xixe siècle
Anne-Lise Rey – Philosophies : féminin pluriel, retour d’expérience
Varia
Audrey Duru – Théologie et exégèse au féminin : la bibliothèque d’étude de Suzanne Habert (Paris, 1631)
Laurent Jalabert – « La plus grande victoire de notre temps » ou Charles IV de Lorraine à la victoire de Nördlingen (1634) : ambivalence des récits d’une victoire impériale
Catherine Cessac – Le Malade imaginaire de Molière et Charpentier. De l’incidence des intermèdes musicaux sur l’édition de la comédie
Comptes rendus