Résumé
La remise en question de l’« autonomie » du sujet ne risque-t-elle pas de saper les fondements de notre aspiration à la liberté et à l’égalité dont cette notion est porteuse ? Martha C. Nussbaum, une des grandes figures de la philosophie américaine contemporaine, nous montre qu’il est possible de réformer profondément la conception « moderne » de l’agent moral et politique dans le sens d’une meilleure prise en compte de sa vulnérabilité essentielle sans pour autant renoncer à promouvoir l’autonomie des individus. On peut trouver dans l’éthique des Anciens et à travers la théorie des « capacités » (capabilities approach) qui la réactualise les moyens de fonder et de défendre les droits réels des individus sans trahir l’esprit du rationalisme des Lumières. Nussbaum n’hésite pas à s’engager clairement par rapport à des problèmes de société actuels : droits des homosexuels, dignité des handicapés et des personnes dépendantes, pauvreté, tolérance religieuse et liberté des femmes notamment. Cette dernière question, centrale au regard de notre problème, sera l’occasion de tester finalement la cohérence de la solution qu’elle propose.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. — Affectivité et raison : bien agir, est-ce être hétéronome ?
La fragilité est-elle une vertu ?
La vulnérabilité comme condition de la rationalité de l’action
L’émotion comme jugement de valeur : vulnérabilité et vérité morale
Chapitre II. — L'être humain, animal politique ou individu autonome ?
La capabilities approach et ses soubassements aristotéliciens
La théorie des « capacités » et le contractualisme libéral
Chapitre III. — Le juste et le bien. L'eudémonisme est-il un paternalisme ?
Capabilities et functioning : l’évolution du statut de la théorie des « capacités »
Le problème des désirs adaptatifs
Les limites de l’autonomie personnelle
Conclusion
Autour de l'auteur
Pierre Goldstein est actuellement professeur de philosophie au Lycée International de Valbonne.