
Résumé
Avocat, policier, infirmière, libraire, ouvrier, enseignant, banquier, agriculteur, bourgeois des beaux-quartiers ou seconde génération d’immigrés issus des cités populaires… Quatorze portraits d’électrices et d’électeurs ordinaires face à la politique, aux élections de 2017 et à leurs candidats. Interrogés à de nombreuses reprises jusqu’en 2021 : ils et elles livrent leurs représentations de la politique, leur perception des enjeux de l’élection et, bien au-delà, un saisissant tableau de la société française contemporaine, des (mal)chances objectives de chacun et des imaginaires sociaux qui la structurent. À travers ces portraits, la logique des choix électoraux retrouve sa densité. Fruit d’ancrages sociaux et de fidélités anciennes, elle articule des logiques plurielles. Loin des simplifications des sondages, ces portraits éclairent les ressorts complexes du vote. Ils révèlent un système de goûts et dégoûts politiques et sociaux qui disent autant du système politique que des clivages de la société française.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction. Florence, Asma, Stéphane, Lucien et les autres… Portraits de Français en électeurs,
Éric Agrikoliansky, Philippe Aldrin et Sandrine Lévêque
Portrait 1. « Peu à peu, on s’est convertis à Macron »
Le vote des beaux quartiers entre tradition et modernité, Éric Agrikoliansky
Anne-Sophie, 70 ans, « mère au foyer » puis assistante administrative, et Louis, 68 ans, cadre dirigeant du secteur bancaire retraité
Mise en perspective. Le vote de classe : la bourgeoisie économique en politique
Portrait 2. « Entre principe de responsabilité et principe de conviction »
Le vote Macron de la (petite-)bourgeoisie intellectuelle, Emmanuel Monneau
Françoise et Lucien, 63 et 80 ans, enseignants retraités
Mise en perspective. La politique est leur affaire : une sophistication politique désuète ?
Portrait 3. « LR, c’est plan-plan aujourd’hui, il faut autre chose »
Une avant-garde bourgeoise de gauche ?, Lorenzo Barrault-Stella
Simon, 41 ans, avocat d’affaires
Mise en perspective. Le poids des entourages : socialisation et sociabilités
Portrait 4. « Je ne suis pas frappadingue de Marine, si elle passe c’est bien »
Les ressorts d’un vote bourgeois et de droite libérale pour M. Le Pen, Guillaume Letourneur
Serge, 61 ans, entrepreneur agricole
Mise en perspective. Libéralisme et xénophobie : les ressorts d’un vote FN « de droite »
Portrait 5. « Finalement, j’ai voté Hamon »
L’identification partisane comme remède à l’incertitude d’un vote par temps de crise, Sandrine Lévêque
Josette, 75 ans, enseignante retraitée
Mise en perspective. L’identification partisane comme déterminant du vote
Portrait 6. « Le social, ça reste mon truc »
La vocation d’infirmière comme boussole politique, Philippe Aldrin
Sandrine, 41 ans, infirmière
Mise en perspective. Conscience civique et compétence politique
Portrait 7. « C’est pas le dernier perdreau de l’année, quoi ! »
Le libraire et le macronisme : un coup de foudre à la croisée des identités professionnelle et politique, Martin Baloge
Christophe, 51 ans, libraire
Mise en perspective. Conversations politiques et décisions électorales
Portrait 8. « Et pourtant, à chaque fois, tu te laisses reprendre au jeu »
Un virtuose indigné ou les variations d’un désenchantement passionné pour la politique, Anne-France Taiclet
Raphaël, 36 ans, intermittent du spectacle
Mise en perspective. Un électeur (forcément) rationnel ?
Portrait 9. « Mais il est où le représentant du peuple ? »
Des quartiers à la politique, Christelle Lagier
Khalid, 35 ans, éducateur social
Mise en perspective. Le sens de quartier : une assignation sociale, spatiale et raciale
Portrait 10. « La force de l’ordre »
Une conversion à l’extrême droite par la socialisation professionnelle, Catherine Achin
Arnaud, 43 ans, brigadier-chef de la police nationale
Mise en perspective. La profession dans le processus de socialisation politique
Portrait 11. « De quel droit ? »
Vote, résistance civique et petites luttes quotidiennes face à l’ordre raciste, Marie Vannetzel
Asma, 41 ans, assistante sociale
Mise en perspective. Ethnicité, genre, engagement et vote
Portrait 12. « Je vote Marine Le Pen […] c’est mon coup de gueule »
Légitimisme et protestation chez un ouvrier « de droite », Emmanel Monneau
Stéphane, 65 ans, chauffeur routier
Mise en perspective. Des ouvriers qui votent à droite ?
Portrait 13. « J’ai suivi ma ville, j’ai voté Hamon »
S’accrocher aux (dernières) institutions : un vote populaire encore à gauche, Samuel Bouron
Karine, 37 ans, agente territoriale spécialisée
des écoles maternelles (Atsem)
Mise en perspective. Ancrages municipaux et encadrement partisan
Portrait 14. « Marine, c’est moi ! »
Aux marges du monde social et du monde politique, Sabine Rozier
Florence, 47 ans, bénéficiaire d’une allocation d’adulte handicapée
Mise en perspective. La politique des plus modestes
Conclusion. Leçons de 2017 : ce que les portraits nous apprennent d’une élection singulière, Éric Agrikoliansky, Philippe Aldrin et Sandrine Lévêque
Autour de l'auteur
Éric Agrikoliansky est professeur de science politique à l’université Paris Dauphine-PSL et chercheur à l’IRISSO.
Philippe Aldrin est professeur de science politique à Sciences Po Aix et chercheur à MESOPOLHIS.
Sandrine Lévêque est professeure de science politique à Sciences Po Lille et chercheuse au CERAPS.