Résumé
Que doit-on aux autres, et que nous doivent-ils ? Le crédit rythme notre quotidien d'obligations chiffrées et d'échéances précises. Vivre aujourd'hui implique donc de faire ses comptes dans une société disciplinée, prévisible, en un mot : conservatrice. Rien ne doit changer pour que les dettes soient honorées. « L'argent magique n'existe pas », résuma un jour un président de la République. Mais parfois, rien n'arrive comme prévu, et le conservatisme financier devient intenable. Il suffit d'une pandémie ou une guerre pour bouleverser nos obligations financières. À coup d'argent magique, les banques centrales rachètent les dettes fragiles, publiques et privées ; des travailleurs sont payés pour vivre sans travailler ; les finances d'un État paria sont soudainement invalidées. Est-il donc possible de réviser nos obligations, supposées la veille inflexibles ? Peut-on éviter le pire d'un « retour à la normale », celle de sociétés structurellement figées face aux tragédies de notre temps comme la catastrophe climatique ?
Caractéristiques
Sommaire
I – Le crédit rend la société conservatrice
Dette et crédit sont des technologies de discipline sociale
Régler nos comptes : une certaine morale
Le futur domestiqué, une obsession de créancier
L’État au service des créanciers privés (There Is No Alternative)
Esquisse des hiérarchies du crédit
II – Crises de l’imprévu
Crise financière : quand le futur n’est plus ce qu’il était
Crise politique : un « retour à la normale » intenable
Crise climatique : tragédies de l’horizon et de la vitesse
Crise militaire : le crédit comme arme de destruction massive
III – Cartographie de l’Enfer : peut-on échapper au conservatisme de la dette ?
Scénario de la résignation
Scénario de l’audace
L’enfer, c’est nous (approche neuroscientifique)
Autour de l'auteur
Tanguy Séné est philosophe de formation et chercheur en finance climatique de profession. Auparavant, il fut régulateur bancaire à la Banque d’Angleterre, notamment pendant la crise pandémique, puis détaché à la COP26 pour intégrer le changement climatique dans les décisions du secteur financier.