Résumé
Rares sont les recherches sociologiques sur les violences à l’école élémentaire. Cette zone d’ombre se double d’un point aveugle : celui des écoliers. C’est en effet massivement à travers le prisme de l’adulte que se construit une représentation des violences en milieu scolaire. Que disent finalement les enfants de ce qu’ils vivent à l’école ? Quelle part la violence prend-elle dans l’expérience scolaire et la sociabilité enfantine ? Plus de 2000 élèves et leurs enseignants ont été interrogés, de nombreuses relations scolaires observées. Ces données riches et souvent surprenantes ont permis d’appréhender les contours que prend la violence à l’école primaire. Elles soulignent les difficultés rencontrées dans l’exercice du métier d’enseignant et le passage progressif de la gestion de l’indiscipline à la dénonciation de la violence. L’idée de violence polarise les divergences, cristallise les problèmes avec l’extérieur, les parents ou la hiérarchie, tout en faisant émerger une identité professionnelle fragilisée. On découvre dans les écoles la multiplicité des réponses apportées et leurs effets, du bouclage disciplinaire aux pédagogies alternatives.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
PREMIÈRE PARTIE. — LES PERSPECTIVES DES ENSEIGNANTS ET DES ÉLÈVES
Chapitre premier. Une dimension significative de l'expérience professionnelle
Une définition de la violence ressortant de systèmes différents de représentations
La violence comme expression d’un conflit de territoire
La lecture victime-coupable et la redéfinition de frontières
Enseigner, un métier à risque
Violence et représentations du métier : des Hussards noirs à la Résistance
La définition de la violence comme enjeu de pouvoir
Chapitre II. Une dimension importante de l'intégration dans le groupe de pairs
Une expérience répandue
Une violence qui relève d’abord de la douleur physique
Une situation qui se définit dans les rapports entre pairs
La cour de récréation : espace social structuré par des rapports de pouvoir
Une expérience différenciée selon le genre, mais partagée
Une réaction sociale contribuant à délimiter les contours de la violence
DEUXIÈME PARTIE. — LES EFFETS DE CONTEXTE
Chapitre III. L'importance du climat d'école
Ségrégation sociale et « porosité » de l’école à ses effets
Sentiment d’injustice et violences
Violences et climat d’école
Chapitre IV. Une organisation des relations de l'école avec son environnement
Naissance d’un « groupe scolaire expérimental Freinet »
La construction d’une image positive de l’école chez les parents d’élèves
Chapitre V. La disqualification de la violence par les élèves
Une évolution des représentations de la violence
Une organisation coopérative du groupe scolaire
TROISIÈME PARTIE. — RÉPONSES À LA VIOLENCE
Chapitre VI. Fréquence des punitions et disparité des pratiques professionnelles
Fréquence et nature des punitions
Faire face aux violences
Une forte disparité entre les écoles
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des figures
Autour de l'auteur
Cécile Carra est maître de conférences en sociologie à l’IUFM du Nord/Pas de Calais, Université d’Artois et chercheuse au CESDIP-CNRS. Elle dirige l’équipe de recherches en éducation RECIFES.