Résumé
Avec les processus de mondialisation, certains groupes sociaux développent des mobilités transnationales parmi lesquels les cadres supérieurs semblent susceptibles de tirer avantage de ces dynamiques. Il apparaît pourtant que, malgré ces mobilités, les cadres supérieurs étudiés dans cet ouvrage à Paris, Lyon, Milan et Madrid demeurent profondément ancrés dans leurs quartiers et leurs villes. Leurs choix résidentiels sont marqués par des héritages et des liens familiaux et amicaux qui demeurent très structurants. La mobilité transnationale est inégale, beaucoup bougent peu et lorsqu’ils sont mobiles, ils ne vont pas très loin, pour des périodes limitées, et reviennent souvent à leur point de départ, d’où l’idée d’exit partiel de la société (et non pas de départ) : ceux qui partent accumulent des ressources et des expériences et reviennent dans leur société, souvent leur ville d’origine, vivant une forme de transnationalisation avec filet de sécurité. Enfin, dans les quatre villes, les cadres supérieurs se représentent comme l’avant-garde de la mondialisation et développent pour eux et surtout pour les enfants des stratégies pour s’adapter. Les plus mobiles demeurent très enracinés, mais se distinguent clairement des cadres supérieurs qui ne voyagent pas, d’où l’hypothèse de l’émergence d’une espèce de classe de cadres supérieurs européens mobiles qui partage des pratiques et des valeurs.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction – Les nouveaux barbares de la mondialisation ?
Chapitre 1 – Un groupe social européen en formation ?
En Europe, le choix des cadres supérieurs
Profils nationaux des cadres supérieurs : France, Italie, Espagne
Quatre villes européennes : Milan, Madrid, Lyon et Paris
Dans chaque ville, quatre quartiers
Qui sont ces cadres supérieurs européens ?
Des agents de la modernisation
Une catégorie culturelle post-industrielle
Cosmopolitisme, européanisation et millefeuille identitaire
Chapitre 2 – Enracinement et contrôle dans la ville
Combiner distance et proximité
Choisir une ville ou une métropole : héritage, famille, travail
Choisir un « beau » quartier
Quartier mixte : pas d’angélisme dans ce choix
Maîtriser la mixité sociale sans craindre la ville
Le choix des cadres supérieurs : famille, mixité relative et contrôle
Chapitre 3 – Trois façons de vivre la mondialisation : le clivage transnational
Mobilité, transnationalisation et différenciation sociale
Vivre à l’étranger : une ligne de démarcation
Stratégies d’« exit partiel » : partir pour mieux revenir
Une mobilité transnationale prudente et progressive
Un horizon très occidental
Mobilité virtuelle pour les « nomades numériques »
Préparer les enfants à la concurrence mondiale
Croisement entre pratiques transnationales et enracinement
Une transnationalisation avec filet de sécurité
Chapitre 4 – Réseaux sociaux : Qui se ressemble s’assemble
Les amis : dispersion spatiale, très forte homogénéité sociale
La famille et la ville : une relation essentielle
Les voisins : qui sont ces gens ?
Une vie sociale dense, peu d’engagements collectifs
Partout, des réseaux sociaux denses et socialement homogènes
Conclusion – Mondialisation et ancrage sélectif dans la ville
Autour de l'auteur
Alberta Andreotti est professeure de sociologie économique à l’université Milan Bicocca.
Patrick Le Galès est directeur de recherche au CNRS, professeur au Centre d’études européennes et doyen de l’École urbaine de Sciences Po.
Francesco Javier Moreno-Fuentes est directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique espagnol (CSIC) à Madrid.