Résumé
Le tyran n’aime pas les villes, c’est pourquoi il s’acharne à les faire disparaître sous les ruines. Il recourt à la force nue pour les faire disparaître, car il n’aime pas ce qui lui résiste – et notamment cet esprit urbain, celui de l’hospitalité et de l’accueil qui va de pair avec l’esprit urbain de citoyenneté.
Pour décrire cette destruction des villes, l’architecte et ancien maire de Belgrade, Bodgan Bogdanovic, a inventé un terme dans le contexte de la dernière guerre en ex-Yougoslavie : celui d’« urbicide ». Il pourrait être tentant d’appliquer ce terme à tous les registres de destructions urbaines : destruction comme tactique militaire, comme instrument de terreur, liée à la confrontation militaire, ou encore « mort » des villes (Détroit) ou urbanisation catastrophique.
Si toutefois les mots on un sens, la notion d’urbicide ne peut pas tout recouvrir. C’est une analyse fine – fondée sur des cas précis (la Syrie, Tachkent, Carpentras) – que nous propose ce numéro pour mettre en évidence le lien profond de l’urbicide à une pratique tyrannique du pouvoir.
Caractéristiques
Sommaire
Éditos
De la France de Pondicherry à celle de la métropole (Jean-Pierre Charbonneau)
Lens, annexe du Louvre (Jacques Donzelot)
De la citoyenneté diasporique à l’heure de l’intermétropolitain (Cynthia Ghorra-Gobin)
Refuser le ghetto : la leçon du Petit Bard (Michel Lussault)
Un détour par Marseille (Olivier Mongin)
Le Grand Paris de Napoléon III (Philippe Panerai)
La fin du projet urbain (Jean-Michel Roux)
Entretien
Paysages en mouvement : de la route des Lumières à l’univers numérique (Entretien avec Marc Desportes)
Dossier : Urbicide
Introduction (Olivier Mongin)
L’urbicide : le meurtre du social (Véronique Nahoum-Grappe)
Répression, déplacements forcés, et destructions urbaines en Syrie (Leïla Vignal)
Urbicide : détruire la ruine (Gabriel Martinez Gros)
Tachkent, la quête d’une identité post-soviétique ? (Shahinda Lane)
La complainte des petites villes : l’exemple de Carpentras (Jacques Donzelot)