
Résumé
Les grands écrivains sont souvent de grands théoriciens. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les questions de genre et de sexualité. Analysant les œuvres de Proust, Genet et quelques autres, Didier Eribon met en lumière la façon dont les romans sont des espaces où s’affrontent des conceptions antagonistes de la sexualité. Mais si diverses soient-elles, les théories se déploient dans des cadres normatifs. Si les romans mettent en scène des personnages « transgressifs » et des pratiques « déviantes », cela reste inscrit dans un univers où la polarité et la hiérarchie du masculin et du féminin sont rigidement respectées. Les pratiques « subversives » déjouent-elles alors réellement le système du genre ? Ce qui s’écarte de la norme se situe-t-il en dehors de celle-ci ?
Mobilisant le concept de « verdict », Didier Eribon propose d’orienter le regard vers le niveau des structures. Les pratiques « minoritaires » pourraient bien faire partie du système et contribuer à sa perpétuation plutôt qu’à sa transformation. Dès lors, comment pouvons-nous envisager le changement social et la politique radicale ?
Caractéristiques
Sommaire
I – Identités de papier
II – Des théories concurrentes
III – Pour Sainte-Beuve
IV – Histoires de l’« homosexualité »
V – Contre-discours et contre-conduites
VI – Sous la loi du phallus
VII – La force du système
Autour de l'auteur
Didier Eribon est philosophe. Il est professeur des universités et notamment l’auteur de Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999, puis Champs-Flammarion, 2012), Une morale du minoritaire. Variations sur un thème de Jean Genet (Fayard, 2001, puis Champs-Flammarion, 2015), Retour à Reims (Fayard, 2009, puis Champs-Flammarion, 2010), La société comme verdict. Classes, identités, trajectoires (Fayard, 2013, puis Champs-Flammarion, 2014).