Résumé
Au tournant du XIVe siècle, Duns Scot porte à son achèvement la pensée scolastique et esquisse la figure moderne de la métaphysique.
Il rejette l'analogie appliquée à la question de l'être : à la place des articulations multiples supposées par l'analogie et la théorie de la participation qui la soutient, le concept d'étant, décollé du réel, offre une unité primordiale, qui embrasse Dieu et la créature, la substance et les accidents. Connu naturellement, sans illumination divine, il remplace la créature (Thomas d'Aquin) ou Dieu (Henri de Gand) comme objet premier de l'intellect.
La théologie des noms divins se transforme ainsi en attribution univoque de concepts formels, distincts les uns des autres en Dieu comme dans la créature, et pourtant fondus dans l'identité infinie de l'essence divine.
La multiplicité des sens de l'être et la connaissance de Dieu passent sous l'égide du concept d'étant, neutre, indifférent et commun à toutes choses. Celui-ci permet l'institution d'une métaphysique entendue comme science de l'étant en tant qu'étant : la genèse d'une ontologie.
Olivier Boulnois
Caractéristiques
Sommaire
Présentation, par Olivier Boulnois
Introduction. — La destruction de l’analogie et l’instauration de la métaphysique, par Olivier Boulnois
Ordinatio 1, Distinctio 3, Première partie. — De la cognoscibilité de Dieu
Question 1 : Dieu est-il naturellement connaissable par l’intellect du voyageur ?
Question 2 : Dieu est-il le premier connu par nous naturellement dans l’état présent ?
Question 3 : Dieu est-il le premier objet naturel adéquat au regard de l'’intellect du voyageur ?
Question 4 : Quelque vérité certain peut-elle être connue naturellement par l’intellect du voyageur sans illumination spéciale ?
Ordinatio 1, Distinctio 8, Première partie. — De la simplicité de Dieu
Question 1 : Dieu est-il souverainement simple ?
Question 2 : Quelque créature est-elle simple ?
Question 3 : Est-il compatible avec la simplicité divine que Dieu ou quelque attribut formel de Dieu soit dans un genre ?
Question 4 : Une distinction des perfections essentielles précédant l’acte de l’intellect est-elle compatible avec la simplicité de Dieu ?
Collatio. — Le concept d’état est-il absolument univoque à Dieu et à la créature ?
Notes
Bibliographies
Lexique latin-français
Auteurs cités par Scot
Index des matières
Index des noms
Autour de l'auteur
John Duns Scot est un théologien et un philosophe écossais du XIIIe siècle. Franciscain, en opposition avec la pensée du dominicain Thomas d’Aquin, il est considéré comme le fondateur de l’école scotiste. Sa philosophie se caractérise notamment par sa complexité et l’analogie qu’il opère au sein de l’« étant » entre Dieu et sa création.