Résumé
Inaugurée par la révolution copernicienne, la Révolution française, la révolution industrielle et la révolution technologique, notre époque est à tous égards révolutionnaire : elle est la seconde révolution connue par l’humanité après la révolution néolithique, qui inaugura l’histoire il y a une centaine de siècles. Concevoir un tel bouleversement pose des problèmes considérables, puisque les principes logiques, concepts et catégories jusqu’ici en vigueur tendent à devenir eux-mêmes obsolètes. Seule une pensée révolutionnaire est à la mesure de notre époque, et la pensée de Marx est fondamentalement révolutionnaire.
Mais sa nouveauté fut longtemps dissimulée par des interprétations idéologiques qui l’ont ravalée à un matérialisme, un scientisme, un positivisme ou un naturalisme. La pensée de Marx peut pourtant se définir clairement : elle est un communisme, qui reconnaît la communauté historique des sujets vivants comme sol ontologique et fondement premier.
La mise au jour du communisme comme position philosophique peut se conduire à partir des ultimes développements de la phénoménologie, qui mènent Husserl à reléguer comme superficiel et dérivé le niveau théorique – et donc à lui reconnaître un statut idéologique – pour approfondir la rétrocession transcendantale en direction de la communauté intersubjective de corps vivants œuvrant sur le terrain de la praxis à partir d’un héritage historique.
C’est donc sur ce fondement de droit qu’il devient possible de critiquer l’autonomisation de l’objectivité qui définit tout à la fois le capitalisme, la science et la technique modernes. Mais cette critique appelle alors elle-même une révolution, seule à même de conjurer le danger qu’une automatisation totale ferait peser sur l’humanité.
Caractéristiques
Sommaire
Considérations préliminaires
A. Situation contemporaine du discours philosophique
B. La révolution technologique
C. La révolution capitaliste
D. Science et phénoménologie de la technique
E. Une révolution philosophique
Chapitre I – La crise de la philosophie
§1. La réalisation scientifique de la philosophie
§2. Le spectre du nihilisme
Chapitre II – La révolution phénoménologique
§3. L’époque de l’autonomisation de la science
§4. Réduction transcendantale et phénomènes de corrélation
§5. Clivage du Moi et duplication de la phénoménalité
§6. L’activité de constitution
§7. L’impasse idéaliste de la phénoménologie
§8. Incorporation et enracinement : la deuxième réduction
§9. Le champ de la praxis
§10. La prédonation de la matière première
§11. La production de l’objectivité
§12. La construction du monde
Chapitre III – La science du communisme
§13. La radicalisation archéologique de la phénoménologie
§14. L’impasse naturaliste de l’archéologie
§15. L’intersubjectivité transcendantale : la troisième réduction
§16. Le communisme comme philosophie première
§17. La sociologie transcendantale
§18. Les techniques comme catégories de la pratique
§19. L’archéologie économique
§20. La responsabilité éthique
§21. La crise de l’économie européenne et le communisme transcendantal
§22. Révolutions et contre-révolutions en Europe
Chapitre IV – Le spectre du capitalisme
§23. La téléologie révolutionnaire
§24. Phénoménologie de la communauté ou phénoménologie de l’Esprit
§25. La fantomalité de l’Esprit
§26. La spectralité du Capital
§27. La spectralisation technologique
§28. Le phénomène spectaculaire
§29. La crise de la phénoménologie
§30. Révolution et conjuration
Conclusion – Après la Révolution
Autour de l'auteur
Professeur agrégé et docteur en philosophie, Jean Vioulac est notamment l’auteur de L’Époque de la technique (Puf, «?Épiméthée?», 2009), La Logique totalitaire (Puf, «?Épiméthée?», 2013) et Apocalypse de la vérité (Ad Solem, «?Philosophie?», 2014).