Résumé
Que sont les sciences aujourd’hui ? Quand on parle de sciences, désigne-t-on celles qui sont responsables d’Hiroshima ? Ou sont-elles celles qui nous laissent entrevoir le meilleur des mondes en devenir ? Les sciences sont-elles les régulateurs des sociétés démocratiques ? À l’inverse, sont-elles les pourvoyeuses d’une croissance destructrice ? Sont-elles encore de pures constructions sociales, ou obéissent-elles à une positivité immanente ? La confusion est générale. Pour y voir clair, nous proposons de distinguer trois types de science : la science nomologique, constituée par la physique à ses différentes échelles ; la science interprétative, qui se construit et s’enrichit par des modèles d’une compréhension de la réalité ; et la science combinatoire, à savoir la chimie et la biologie moléculaire. Procéder à cette typologie à partir de critères facilement identifiables, où l’expérience mathématique et ses limites jouent un rôle central, permet de comprendre que nos connaissances scientifiques ne sont ni de pures conventions sociales, ni les expressions d’un savoir divin. Bien que fondées et opératoires, elles n’en sont pas moins entrelacées à une ignorance insurmontable. Nous le constatons, tant avec les mathématiques qu’avec la biologie moléculaire : réelles mais partielles, les sciences, par l’usage imprudent que nous en faisons, peuvent être destructrices. C’est pourquoi il est nécessaire et urgent de revoir l’ensemble de nos relations à la nature.
Caractéristiques
Sommaire
intention par Dominique Bourg
avant-propos. Qui est Nicolas Bouleau ? par Dominique Bourg
chapitre 1. Le paysage épistémologique : bref historique récent
Le positivisme
Les grandes figures de l’épistémologie anglo-saxonne
La réaction contre le modernisme : le postmodernisme
chapitre 2. Les trois formes d’activité scientifique : science nomologique, science interprétative et science combinatoire
Science nomologique
Science interprétative
Science et techniques combinatoires
chapitre 3. Biologie et écologie
La Providence et ses deux courants
Les ordres de grandeur et le savoir de la nature
Le dictionnaire fondamental de la combinatoire, ou dictionnaire « bio-logique »
Les approches réductionnistes de l’écologie
chapitre 4. Les nouveaux dangers et leur gestion
Eugénisme, accidents et terrorisme
Intellectuels cyniques
Éthique de l’ignorance
chapitre 5. La réfutation du réductionnisme et les mathématiciens écologistes des années 1970
L’époque du programme de Hilbert et son héritage
Le résultat de Gödel
Dans les années 1970, des mathématiciens s’opposent à l’idéologie réductionniste
Le colloque de logique d’Uldum d’août 1971
Éléments bibliographiques
Annexes
Claude Chevalley « Sur la pensée de Jacques Herbrand »
Alexandre Grothendieck, « La nouvelle église universelle »
Pierre Samuel, « Vues conservatrices sur la science »
Autour de l'auteur
Nicolas Bouleau, mathématicien, spécialiste de l’analyse et des probabilités, est connu pour ses travaux en dimension infinie et pour sa théorie des erreurs dans les modèles complexes. Il a enseigné la philosophie des sciences à l’université Paris-Est et à Sciences-Po. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le mensonge de la finance. Les mathématiques, le signal-prix et la planète (L’Atelier) et Ce que Nature sait. La révolution combinatoire de la biologie et ses danger (Puf).
Dominique Bourg, philosophe des sciences, est professeur honoraire de l’Université de Lausanne (Faculté des géosciences et de l’environnement). Directeur de la revue en ligne La Pensée écologique (lapenseeecologique.com), directeur de collections aux Puf, il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’écologie, dont récemment aux Puf Le marché contre l’humanité et Primauté du vivant.