Résumé
Si, dans les années 1970-1980, l’«?échec scolaire?» était au centre des discours sur l’école dans les quartiers populaires, les questions de «?violences scolaires?» ou de «?déscolarisation?» dominent la scène depuis les années 1990, surtout à propos du collège présenté comme le «?segment?» où se concentrent les difficultés de l’école. Une attention nouvelle est ainsi portée aux processus de ruptures scolaires qui touchent d’abord des collégiens issus de milieux populaires.
Les auteurs reconstruisent les parcours de ruptures scolaires de ces collégiens et analysent tour à tour l’effet de plusieurs dimensions : la précarité et les ruptures familiales?; les difficultés scolaires où se nouent apprentissage, conflits avec les enseignants, sanctions de l’institution?; la sociabilité juvénile qui oscille entre l’isolement et l’attraction du groupe de pairs. Refusant la vaine quête d’une cause unique, ils insistent sur l’articulation entre ces différentes dimensions et montrent l’enchaînement des processus au sein de plusieurs parcours de collégiens.
S’appuyant sur une enquête intensive de deux ans, ce livre aborde des questions qui taraudent en profondeur l’école et alimentent le débat sur le «?collège unique?». Il apporte aussi des connaissances fines sur la dégradation des conditions d’existence d’une fraction des familles populaires et sur ses effets en termes de scolarisation et de socialisation. Il s’adresse à tous ceux qui sont concernés par les questions scolaires et sociales ainsi qu’aux étudiants et chercheurs en sciences sociales et en sciences de l’éducation.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
I -- Des familles minées par la question sociale : Des familles populaires précaires -- Réseaux de solidarité affaiblis et encadrement institutionnel -- Conditions d'existence des familles et ratés de la socialisation -- Amina Djilal, précarité économique, ruptures familiales et déracinements
II -- Les apprentissages scolaires au coeur des ruptures scolaires : Les difficultés d'apprentissage, un terreau commun -- Des postures contraires aux logiques scolaires -- Marc Wiltord, précocité des difficultés et postures hétérodoxes
III -- Des difficultés scolaires aux comportements "a-scolaires" : Stigmatisation et dévalorisation de soi -- L'esquive des contraintes scolaires -- Des perturbations de l'ordre scolaire -- Des conflits avec les agents de l'institution scolaire -- François Mallet, un condensé de l'engrenage
IV -- Un parcours de relégation dans l'institution scolaire : Des parcours déclassés dans des collèges de quartiers populaires -- Désorientation à l'entrée au collège -- La construction d'un "casier scolaire" -- des parcours erratiques dans l'organisation scolaire -- Karim Azad, une scolarisation erratique
V -- Entre scolarisation et sociabilité juvénile : Le quartier et les pairs comme ressources et contraintes -- Les pairs et l'école -- Concurrence entre scolarisation et entre-soi du groupe de pairs -- Mehdi Otmani, influence du groupe de pairs
Conclusion : L'école à l'épreuve de la question sociale -- Annexe méthodologique -- Bibliographie
Autour de l'auteur
Mathias Millet est maître de conférences en sociologie à l’Université de Poitiers, membre du GRESCO et du Centre Max Weber. Il est notamment l’auteur de Les étudiants et le travail universitaire, PUL, 2003 et a dirigé (avec Gilles Moreau) La société des diplômes, La Dispute, 2011.
Daniel Thin est maître de conférences en sociologie à l’Université Lumière Lyon II, habilité à diriger des recherches, membre de l’équipe «?Modes, espaces et processus de socialisation?» du Centre Max Weber. Il a notamment publié Quartiers populaires. L’école et les familles, PUL, 1998.