Résumé
Du Haut-Empire romain est souvent donné une image caricaturale. Le principat était un régime autoritaire et répressif, mais ce n’était ni une monarchie absolue ni une simple machine impérialiste. Très souple, il a réussi à maintenir une relative paix intérieure, à gouverner et à intégrer dans l’Empire, sur le plan politique, économique et social, les régions, les cités et les élites de tout le monde méditerranéen.
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Ce premier tome est consacré aux structures de l’Empire, à l’évolution du régime politique au profit du princeps qui devient progressivement dominus, à l’emprise de Rome sur ses provinces, à la société, aux différents statuts des personnes, aux instruments de la domination armée et enfin à la religion. Le Haut-Empire est, selon les auteurs, soit un âge d’or, une période de paix et de prospérité interrompue par de rares éruptions de violence civile, soit l’apogée de la brutalité, celle d’un tyran dont les exactions à l’encontre de ses sujets n’auraient d’égale que le pillage et la prédation endémiques des anciens vaincus par les vainqueurs, maîtres dans les provinces, mais esclaves dans leur propre cité. Ce livre vient corriger les caricatures qui tiennent souvent lieu d’histoire du Haut-Empire. Le prince est certes le maître, mais son despotisme se fasait d’autant plus durement sentir, par rapport au Bas-Empire, que les Romains conservaient encore un peu le souvenir de leur antique liberté. L’organisation des provinces, si elle reste longtemps marquée par l’idée que les provinciaux sont d’abord des vaincus, à ce titre privés de droit puisque le droit ne peut exister qu’entre citoyens, laisse peu à peu place à l’idée d’une gestion durable et rentable – à défaut d’être équitable. La lex Julia de repetundis dont Salluste fait les frais n’est que le début d’une lente évolution qui vit les Romains s’accoutumer à leur statut de maîtres du monde connu. La République finissante avait bien établi des quaestiones relatives à la gestion des provinces, mais leurs décisions iniques, généralement défavorables aux plaignants, avaient montré leurs limites. Que l’on songe à la réticence des juges à condamner Verrès ou même Salluste pour imaginer combien la rapacité des gouverneurs était acceptée du temps de la République. L’Empire fut au moins une période de paix relative par rapport aux constantes guerres civiles de la fin du Ier siècle, et les Asiatiques au moins ne devaient pas regretter les défenseurs de la liberté Brutus et Cassius. L’Empire apporta non la paix, mais une relative tranquillité, et les hommes s’habituèrent progressivement à la nouvelle situation de l’oikoumene, unis derrière des frontières immuables sous un maître unique garant de l’ordre et de la stabilité.
(P. Prigent)
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos
Chapitre premier. — Du princeps à l'empereur
La création du principat par Auguste
L'investiture du prince après Auguste
Les pouvoirs du prince
La représentation du pouvoir impérial
Chapitre II. — Le prince et la respublica
Les institutions traditionnelles du peuple romain
Le prince et le gouvernement de la respublica
Chapitre III. — Les religions
Principes généraux
Les cultes publics
Religions, dévotions et pensées religieuses privées
Chapitre IV. — L'armée
La structure de l'armée
L'organisation de l'armée
Le recrutement
L'activité militaire et les stratégies de l'Empire
La place de l'armée et des militaires dans l'Empire
Chapitre V. — L'emprise romaine sur l'Empire
La mainmise sur l'Empire
L'administration des provinces
Les états vassaux
Chapitre VI. — Les statuts des personnes et des communautés
Les citoyennetés
Statuts et structure des cités
Le gouvernement de la cité
Les communautés sans statut civique
La politique impériale
Chapitre VII. — La société
La population de l'Empire
Les caractéristiques de la société romaine
Les relations sociales
Les couches dirigeantes
Les catégories intermédiaires
Le « système esclavagiste » : l'esclavage et les autres forces de travail
Chapitre VIII. — L'activité économique
Les pouvoirs publics et l'économie
Les activités économiques
Les grandes zones de production
Index
Autour de l'auteur
François Jacques était professeur à l'Université de Lille III.
John Scheid est professeur au Collège de France.