Résumé
Deux précédents colloques de Deauville ont déjà abordé le thème de la sublimation. Le premier, en 1997, à propos de la finalité de la cure et le second, en 2016, interrogeait les rapports de la transitionnalité et de la sublimation. But et objet de la sublimation, projet et productions ont donc déjà animé nos échanges. Particulièrement problématiques étaient apparus le singulier du but – celui d’une satisfaction détournée – et le pluriel des objets créés. Quant à l’origine, la source pulsionnelle du processus, restait à savoir si elle pouvait se suffire du singulier étant donné le polymorphisme de la sexualité infantile. Diversité des œuvres de culture et polymorphisme pervers nous ont donc fait choisir de remettre la sublimation sur le métier, mais cette fois au pluriel.
Certes, Freud fait de la sublimation au singulier associée au refoulement et à l’identification l’un des trois piliers nécessaires à l’édification du moi. Le refoulement en déterminerait la topique, la sublimation l’économique, et l’identification ouvrirait à la représentation dynamique et conflictuelle produite par l’équilibre instable des deux premiers processus. Car cet équilibre est difficile à trouver. Le refoulement essaie de contenir le pulsionnel lorsqu’il se heurte à l’impossible et à l’interdit. La sublimation essaie de traiter ce qui de la pulsion ne peut trouver d’issue dans la seule expérience de satisfaction. Elle utilise pour cela la désexualisation, le détour et la resexualisation via le corps et le langage de l’investissement d’objets de remplacement. Enfin, l’identification ouvre la soupape imaginaire de la représentation et du rêve pour soutenir l’action adéquate vers l’objet. Mais ces trois mécanismes sont profondément intriqués et l’altération de l’un vient entraver les deux autres. En particulier, trop ou pas assez de refoulement, des objets externes trop semblables voire trop différents, viennent troubler le couple désexualisation/resexualisation à la base du processus sublimatoire et contrarier l’issue identificatoire et la mise en représentation.
Caractéristiques
Sommaire
THÈME : LES SUBLIMATIONS
Jean-Louis Baldacci – Argument. Les sublimations
Laurence Kahn – L’heure zéro. Mythe, déréalisation, fondation
Laurent Danon-Boileau – Quelles sublimations ? Quels équilibres ?
Claire Maurice – « Passions et destins des passions » : Quelle(s) issue(s) sublimatoire(s) ?
Sylvie Pons Nicolas – Sublimations et deuil. Avatars de la trajectoire d’un processus
Emmanuelle Chervet – Nécessité et insuffisance des sublimations
Bernard Chervet – Contribution à la métapsychologie de la sublimation
François Richard – Contradictions dans la sublimation 1923-2023
Anouk Driant – La Reine du Crime. Jeu et… fin de partie
Philippe Givre – Sublimations performative et idéative à l’adolescence
DOSSIER – MARIE BONAPARTE-SIGMUND FREUD, CORRESPONDANCE INTÉGRALE 1925-1939
Martine Girard et Pascale Navarri – Présentation
Rfp – Entretien avec Mary Leroy
Cécile Marcoux – Traces de bibliothèques
Rémy Amouroux – La tentation psychobiographique. Autour des archives de Marie Bonaparte
Olivier Mannoni – Entre toutes les langues. Marie Bonaparte et Sigmund Freud, un dialogue sur tous les registres
Emmanuelle Chervet – La correspondance Sigmund Freud-Marie Bonaparte : un parcours d’analyse en plusieurs temps