Résumé
Les maires des grandes villes affirment tous que leur préoccupation première est de développer l’attractivité de leur cité. Comment ? En faisant de celle-ci un lieu propice à la créativité, en y combinant les ressources du talent, de la tolérance et de la technologie : c’est la recette proposée par le géographe et économiste Richard Florida pour réunir sous l’enseigne de « classe créative » artistes, intellectuels et prestataires de services aux grandes firmes. Un tel assemblage va-t-il de soi ? Il mêle hâtivment deux phénomènes distincts : d’une part, le processus de « gentrification » urbaine par lequel les « créateurs » – artistes et professions culturelles et intellectuelles – réinvestissent la ville, lieu d’opportunités et de rencontres ; d’autre part, un traitement volontariste et foncier du paysage urbain destiné à attirer les « créatifs » de la publicité et des banques. Mais peut-on attirer les « créatifs » sans faire fuir les « créateurs » ?
Caractéristiques
Sommaire
Introduction. — La ville créative, alternative à la ville industrielle ?
La classe créative
Une théorie basée sur la construction de nouveaux indicateurs
Une théorie controversée
Le succès d'une théorie contestée
Encadré. La bohème à Paris, représentation mythique et valorisée de l'artiste
Pour une reconstruction de la ville créative
Chapitre premier. — Les scènes de la créativité artistique
Le renouvellement des propositions artistiques
Le goût du off : éclectisme des pratiques et hybridation de la création
Le cirque contemporain : une production artistique hybride
Rock alternatif : une scène en perpétuel renouvellement
Les squats d'artistes, parangons des lieux culturels off
Chapitre II. — Portrait de l'artiste en gentrifier
La revalorisation symbolique des lieux
Encadré. Les artistes au chevet de la Nouvelle-Orléans
Les artistes, initiateurs ou indicateurs de la gentrification ?
L'artiste en archétype des nouvelles classes moyennes créatives et précaires
Chapitre III. — La ville, territoire de l'économie créative
De Soho à Montreuil : le quartier, ressource de la production artistique
L'ancrage territorial de la production culturelle
La métropole comme support de l'organisation des activités créatives
Chapitre IV. — Faire la ville pour les créatifs
L'instrumentalisation de la culture
La politique des coquilles vides
La banalisation de la ville créative
Conclusion. — Le paradoxe de la ville créative
La « sérendipité », condition urbaine de la créativité
Les scènes artistiques off : invitation à la sérendipité urbaine
Bibliographie
Autour de l'auteur
Elsa Vivant est maître de conférences en urbanisme à l’Institut français d’urbanisme.