Résumé
L’idéalisme linguistique, promu sous le nom d’« analyse du signifiant », tourne à sa confusion s’il veut se maintenir plus de quelques secondes sans reprendre force au sol des significations. Il n’y a pas d’analyse pure du signifiant. L’exemple du lapsus, sur lequel je terminerai, suffit à disqualifier cet idéalisme. Un sujet rapporte en analyse un lapsus qu’il a fait la veille : il a prononcé « matérialisme hystérique » pour « maté-rialisme historique ». Il nous rapporte ce lapsus : il est évident que son récit est logiquement et linguisti-quement impeccable, qu’il n’y a pas, dans son discours actuel, trace de faille ou de trébuchement. Et ce que nous analysons, en analysant le récit d’un lapsus, c’est le lapsus lui-même et non pas le récit. Le récit d’un lapsus n’est pas un lapsus, et pourtant l’analyse du lapsus raconté, comme d’ailleurs l’analyse des actes manqués rapportés dans l’analyse – et qui, comme récits, ne sont pas des actes manqués – fait in-déniablement partie de l’analyse.
Caractéristiques
Autour de l'auteur
Jean Laplanche (1924-2012), ancien élève de l’École normale supérieure, ancien interne des hôpitaux psychiatriques et professeur à l’université Paris Diderot, a dirigé aux Puf les collections « Bibliothèque de psychanalyse » et « Voix nouvelles en psychanalyse », ainsi que l’édition des Œuvres complètes de Freud en français. Il est l’auteur d’une œuvre importante, qui compte notamment le Vocabulaire de la psychanalyse (avec J. B. Pontalis).