Résumé
La responsabilité sociale des entreprises avance, mais elle piétine. Elle n’est pas transformatrice des pathologies sociales et environnementales de l’économie. Que la loi française oblige maintenant les entreprises, les universités et les établissements publics à en rendre compte annuellement n’y changera pas grand-chose, tant qu’on la comprendra comme une responsabilité morale limitée à chaque organisation, pour réduire son empreinte carbone et dialoguer seule avec ses parties prenantes.
Les responsabilités morales et juridiques singularisent toujours, alors que la responsabilité sociale est associative par essence ; elle est entre nous plutôt qu’en nous. Dès que l’on reconsidère philosophiquement son statut, on peut en faire la source éthique et politique d’innovations et d’apprentissages interorganisationnels pour des projets de territoire ambitieux, en transition vers une autre économie soutenable, non délocalisable et corégulée. Mais il faut pour cela que le management fasse sa révolution copernicienne, dépasse la gestion égocentrée et devienne vraiment responsable de ce qu’il impacte et de ce dont il doit lui aussi prendre soin : le monde. C’est ce à quoi ce livre clair et proactif s’attèle.
Caractéristiques
Sommaire
Préambule
1. Critique de la responsabilité sociale en solitaire
1. On ne s’étonne pas assez de cette étonnante responsabilité sociale
2. Du besoin de philosophie aux temps de l’insoutenabilité
3. La RSE avance mais elle piétine
4. La RSE manque de coresponsabilité et d’innovation sociale
5. Réduction de la responsabilité sociale à l’engagement égocentré
6. Les confusions de la théorie des parties prenantes
7. Transformer les parties prenantes en porteurs d’enjeux pour une vraie coresponsabilité
8. Limites d’une normalisation RSE qui désocialise et dépolitise
9. Les erreurs philosophiques d’une responsabilité sociale en solitaire
10. Quatre propositions pour une responsabilité sociale transformatrice, associative et innovante.
2. Le dilemme de la responsabilité sociale : imputation des conséquences ou mission de transformation sociale ?
1. La fin du volontariat et le tourment du droit face à la diligence raisonnable
2. Ouverture politique : pour une autre responsabilité entre la morale et le droit
3. L’idée d’une éthique en trois dimensions : vertu, justice, soutenabilité
4. Du besoin d’une responsabilité globale à l’heure des risques globaux
5. Comment une responsabilité globale pourrait avoir un sens ?
6. La contradiction inhérente à l’idée de responsabilité globale : un impossible nécessaire
7. La tragédie de l’agir humain : toujours dépassé par lui-même
8. Un nouvel arbitrage pour plus de responsabilités à l’âge de la globalisation
9. Les deux sens possibles de la responsabilité sociale : imputation et mission
10. La vision minimale simple de la responsabilité sociale : monoresponsabilité pour les conséquences sociales de ses actes
11. La vision maximale complexe de la responsabilité sociale : coresponsabilité pour les impacts systémiques communs
12. Difficulté d’instituer une responsabilité sociale non réductible au droit et à la gestion
13. La responsabilité sociale face à ses dilemmes : au singulier ou au pluriel ?
14. Une responsabilité sociale correctrice en aval ou transformatrice en amont ?
15. La responsabilité sociale et les risques politiques de ses dérives
3. Vers une société responsable : corégulation et démocratisation des entreprises et des sciences
1. En route vers la société responsable par des communautés locales d’apprentissage
2. La socialisation de la responsabilité au cours de la modernisation du monde
3. La responsabilisation de la société face aux dommages-monde
4. La société responsable comme société réflexive et performative
5. Le problème du statut subpolitique des entreprises et des sciences
6. Déjouer les défausses subpolitiques et organiser la néguentropie économique
7. Scinder la sphère dirigeante des organisations pour les forcer à la responsabilité
8. Responsabilité sociale des sciences : lutter contre les impacts épistémiques de l’intelligence aveugle
9. Réduction de complexité et irresponsabilité sociale versus pensée complexe et responsabilité sociale
10. Définition de la gouvernance : action communicationnelle et non pas gouvernement
11. Légitimité de la soft law : promesse mutuelle entre porteurs d’enjeux
12. Conclusion : penser la régulation hybride de la société du risque
4. Douze propositions pour une société responsable
1. Propositions pour une vraie responsabilité sociale
2. Propositions pour une vraie économie soutenable
3. Proposition pour faire entrer les entreprises et les sciences en démocratie
4. Propositions pour une responsabilité sociale des sciences et des universités
Bibliographie
Autour de l'auteur
Philosophe français ayant résidé longtemps au Pérou, François Vallaeys est un penseur pionnier de la responsabilité sociale universitaire en Amérique latine. Expert à l’Observatoire de responsabilité sociale pour l’Amérique latine et les Caraïbes (ORSALC) de l’Unesco, il a en outre formé de nombreux universitaires latino-américains en éthique de la soutenabilité et à la gestion socialement responsable.