Résumé
Depuis quelques années, la critique d’Israël a pris la forme d'une disqualification généralisée du sionisme. Ses enjeux sont désormais, explicitement, non pas la politique des gouvernements israéliens, l’occupation des territoires conquis en 1967 aux pays arabes ou les implantations juives dans ces territoires, mais la légitimité de l’idée d’un État juif et, donc, l’existence même d'Israël. Pourtant, la coexistence de deux États, un État juif et un État arabe, selon la résolution de l’ONU de 29 novembre 1947, est non seulement la base juridique de toutes les tentatives de mettre fin au conflit israélo-arabe, mais aussi la seule base possible historiquement, politiquement et moralement de toute solution juste et durable à ce conflit. La délégitimation et la diabolisation d’Israël, partagées par de larges couches de l’opinion occidentale, notamment dans l’intelligentsia, sont donc autant d’expressions d’un aveuglement politique. Elles constituent surtout un véritable scandale moral, qui se manifeste à travers les différentes façons par lesquelles la Shoah est devenue une arme idéologique contre Israël et le sionisme.
Cet ouvrage analyse et critique l'idéologie perverse de la diabolisation de la victime (le Juif) et son retournement imaginaire en bourreau (l'Israélien) à partir de trois contextes : le négationnisme de certains courants de la gauche radicale en France et l’antisionisme de certains milieux intellectuels occidentaux ; ensuite, ce que l'on a coutume d'appeler désormais le « post-sionisme » israélien ; enfin, l'invention de la dénonciation d’Israël chez Hannah Arendt.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos à l'édition française
PREMIÈRE PARTIE. — LE NÉGATIONNISME ET LA GAUCHE
I. Une histoire vraie et un peu d'interprétation
Négationnisme et obsession anti-israélienne : Guillaume, Thion, Garaudy
Le postulat dominateur
La vérité abjecte
Une communauté d'opprobre
Le normal et le pathologique
II. Au-delà de La Vieille Taupe : antisionisme ordinaire ou antisémitisme émancipateur ?
L'étoilé, le réétoilé, le désétoilé
Boycotter Israël
La vérité abjecte au service de l'antisionisme
1948 ou 1967
La logique de la marmite
DEUXIÈME PARTIE. — LA SHOAH ET LES ISRAÉLIENS BIEN-PENSANTS
La théologisation de la Shoah
Les post-sionistes, la Shoah et Israël
Premier intermède : la guerre a eu lieu, la Shoah aussi
Les post-sionistes, la Shoah et Israël
Second intermède : idéologie et vérité historique
La Shoah en tant qu'alibi
La Shoah et la pathologie collective israélienne
Troisième intermède : qu'y a-t-il de mal dans l'instrumentalisation de la Shoah ?
L'accusation d'abandon, de trahison et d'exploitation
L'international
Quatrième intermède : qu'y a-t-il de singulier dans la Shoah et à quoi comparer Auschwitz ?
De l'humanité d'Auschwitz et de la culpabilité d'Israël
L'unicité, malgré tout
De l'humanité d'Auschwitz à la monstruosité de l'occupation
Le procès Eichmann et la catastrophe israélienne
TROISIÈME PARTIE. — DU POLITIQUE ET DE L'ANTIPOLITIQUE : HANNAH ARENDT, EICHMANN ET ISRAËL
Hannah Arendt et la communauté d'opprobre
Compagnon de route ou adversaire : le parcours sioniste de Hannah Arendt
Eichmann à Jérusalem I : l'échec philosophique
Eichmann à Jérusalem II : l'échec moral
Bibliographie
Autour de l'auteur
Elhanan Yakira est professeur de philosophie à l'Université hébraïque de Jérusalem. Il est ordinairement spécialiste de Spinoza. Mais le caractère extraordinairement injuste et scandaleux de la diabolisation contemporaine d'Israël opérée, non seulement en France et dans les démocraties occidentales, mais en Israël même, l'a amené à écrire le présent livre qui a suscité de très vifs débats en Israël et aux États-Unis.