Résumé
Dans la Recherche du temps perdu, Odette et Swann ne disent pas « faire l’amour » mais « faire catleya » : ils recourent à ce que Proust appelle une « langue moins générale, plus personnelle, plus secrète que la langue habituelle ». De même, dans ses lettres à sa fille, Mme de Sévigné invente une langue à part, un chiffre amoureux et secret qu’elle confectionne à partir de citations, de mots étrangers et d’expressions en tout genre.
Durant un quart de siècle (1671-1696), cette langue lui permit d’exprimer de manière spirituelle, authentique et profonde une passion hors du commun que la prose classique était inapte à dire.
Par ailleurs, tout en constituant la clef de voûte des Lettres, cette langue répondait, sans doute pour la première fois dans l’histoire, aux exigences fondamentales du genre épistolaire : celles d’être une « conversation entre absents » et un « miroir de l’âme ». Elle apparaît ainsi à la fois comme le ressort essentiel de l’œuvre et le couronnement du genre : comme le secret d’une poétique personnelle – celle de Mme de Sévigné – et la clef d’une poétique générique – celle de la lettre.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Première partie : Aux origines de la langue
Chapitre I : Premiers crayons
Chapitre II : Les données immédiates de l’écriture
Chapitre III : La fabrique de la langue
Deuxième partie : In sua favella : les replis de la langue
Chapitre IV : Les échos du monde
Chapitre V : Les éclats de livres, ou l’« habitude familiale des citations »
Chapitre VI : Les mots de pays, ou le « sabir » des Lettres
Troisième partie : Par-delà les mots
Chapitre VII : Les fonctions du langage
Chapitre VIII : La matière des Lettres
Chapitre IX : La forme des Lettres
Épilogue : Mme de Sévigné dans la lettre et les Lettres
Autour de l'auteur
Agrégé de lettres modernes et docteur en littérature française, Nicolas Garroté enseigne la littérature des XVIIe et XVIIIe siècles à l’Université Paris-Est Créteil. Il est spécialiste des Mémoires et des correspondances à l’âge classique.