Résumé
Lire la poésie d’Emily Dickinson, c’est faire l’expérience d’une voix insaisissable : ludique et tragique, multiple et singulière, elle laisse le lecteur devant un paysage poétique tout aussi contrasté, entre minimalisme formel et foisonnement de sonorités et d’images. Le monde de Dickinson nous devient familier, de jardins fleuris en horizons pourpres, où poète et lecteur croisent des figures infimes ou grandioses, et hantent aussi bien la Nouvelle-Angleterre que le Golgotha. Mais toujours le poème nous entraîne dans un voyage métaphorique, où la réalité se dérobe et la vérité est en point de fuite.
Les poèmes d’Emily Dickinson sont des expériences mentales et des paysages de sens. Jouant de l’outrance et du burlesque, sa voix franchit allègrement la frontière de sa propre mort. Avec une ironie philosophique, Dickinson prend le risque radical d’un au-delà, et dit la splendeur du manque, saisi dans la forme même, dans le rythme du poème. De cette fabrique du poème, elle donne à voir les ressorts intimes, de manière étonnamment moderne.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. — Les solitudes
Publication privée
Calvinisme et cas de conscience
L'impersonnel, la généralité du moi
Chapitre II. — Sortir du temps
La fragmentation par l'aspect
Endurer « le temps “pur” »
En avance sur le posthume
Chapitre III. — Une démarche métaphorique. Les paysages du sens
D'un univers typologique à un « monde emblématique »
Libres images — syntaxe et métaphore
« L'angle d'un paysage »
Chapitre IV. — La pensée, la poésie
La pensée en marche
La connaissance et l'ignorance
Comprendre : la poésie
L'atelier des mots
Chapitre V. — Le théâtre des voix
La scène rhétorique
La conversation
Remises en scène — les intertextes
Conclusion : la passion de la voix
Chapitre VI. — L'excès
Exemple du poème « We dream — it is good we are dreaming — » (J 531)
La possibilité du burlesque
L'outrance du genre — la vision baroque
Éléments gothiques
Chapitre VII. — La « différence interne »
Rouvrir, refendre — un degré de plus
Une « lumière oblique »
L'ironie
La dissemblance
Chapitre VIII. — Au risque de la forme
« Le risque fait partie du rythme »
Éloge du manque
La preuve par la forme
Conclusion
Bibliographie sélective
Autour de l'auteur
Christine Savinel est professeur de littérature américaine à l’Université de Paris-Sorbonne Nouvelle. Elle est l’auteur de nombreux textes sur la poésie (Emily Dickinson, Gertrude Stein, Ezra Pound, George Oppen, Michael Palmer), ainsi que sur l’art américain. Elle a édité et traduit les Journaux de Sylvia Plath (Gallimard, 1999) et prépare, en co-direction, une Anthologie de la poésie américaine (Gallimard, « La Pléiade »).