Résumé
L’extraordinaire philosophie du corps développée par Maine de Biran dans les premières années du XIXe siècle est tribu-taire d’un travail phénoménologique préalable : si le corps est subjectif, sa nature dépend de celle de la subjectivité. Tant que cette dernière reste prise dans les postulats de la pensée classique, qui seront encore ceux de la phénoménologie contemporaine, tant que la « conscience » se résout dans la représentation, dans l’intentionnalité ou dans la Transcendance de l’Être, alors le corps lui-même est traversé par cette déhiscence où se défait son pouvoir : celui d’agir, d’être une force.
À partir d’une conception entièrement neuve – non grecque – de la phénoménalité du corps, Maine de Biran a produit des descriptions admirables de sa constitution comme de sa représentation dans le corps objectif – descriptions qui renvoient toutes cependant à un Corps originel, non constitué, qui s’identifie en nous à l’essence de la vie. Unique héritier du cogito perdu de Descartes, Maine de Biran n’est pas un précurseur de la phénoménologie historique : il proposait un autre programme dont il nous est donné aujourd’hui d’apercevoir enfin la pertinence et la fécondité.
Caractéristiques
Sommaire
Avertissement à la seconde édition
Introduction. — La contingence apparente de la question concernant le corps et la nécessité d'une analyse ontologique du corps
Chapitre premier. — Les présupposés philosophiques de l'analyse biranienne du corps
Chapitre II. — Le corps subjectif
Chapitre III. — Le mouvement et le sentir
Chapitre IV. — Le double emploi des signes et le problème de la constitution du corps propre
Chapitre V. — Le dualisme cartésien
Chapitre VI. — Critique de la pensée de Maine de Biran : le problème de la passivité
Conclusion. — La théorie ontologique du corps et le problème de l'incarnation : la chair et l'esprit
Autour de l'auteur
Michel Henry, professeur émérite à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, a publié aux PUF, dans la collection « Épiméthée », L’essence de la manifestation (1963), Généalogie de la psychanalyse. Le commencement perdu (1985) et Phénoménologie matérielle (1990).