Résumé
Persecutio : le mot puise son origine au latin ecclésiastique, de quoi rappeler qu’entre toutes, les persécutions religieuses disposent dans l’histoire d’un triste privilège, inséparable sans doute du jour où un dieu s’est pris pour le seul. L’histoire contemporaine n’y échappe pas, à l’heure ascendante des intégrismes. Les systèmes totalitaires (non plus un-seul dieu, mais une-seule pensée, un-seul maître) ne sont pas en reste, qui construisent un dedans sans dehors possible. Il arrive que « se sentir persécuté » relève d’une juste perception de la réalité sociale et politique environnante, et non d’une folie projective.
En psychanalyse, le mot doit beaucoup à la paranoïa, qui cultive la persécution jusqu’au délire. Faut-il pour autant en réserver l’usage à la psychose ? La persécution rejette au-dehors la haine, la honte, le désespoir que l’on ne supporte pas au-dedans. Le « il » prend la place du « je ». Car c’est bien, chaque fois, l’étreinte du moi et de l’autre qui s’emballe et tente de se défaire lorsque la peur de ne plus être aimé se transforme en conviction d’être haï. Folie sans doute, mais que celui qui l’écarte complètement jette la première pierre.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos
Tourments, Catherine Chabert
Le prisme de la persécution, Ellen Corin
Les délires de persécution et la psychanalyse, Gilbert Diatkine
Point de repos pour les braves. Plomb et surplomb du surmoi dans l'expérience du vieillissement, Benoît Verdon
Persistances de la persécution, Bruno Karsenti
Dégradation parallèle de la persécution en harcèlement et du sexe en genre, ou le triomphe de la paranoïa, Philippe Valon
Sentiment de persécution et intériorisation du surmoi, Aline Cohen de Lara
Paranoïas, Jacques André
Autour de l'auteur
Jacques André, psychanalyste, membre de l’Association psychanalytique de France (APF), est notamment l’auteur de L’Imprévu en séance (Gallimard, « Folio essais », 2004), Les 100 mots de la psychanalyse (Puf, « Que sais-je ? », 2011), Les Désordres du temps (Puf, « Petite bibliothèque de psychanalyse », 2010), Paroles d’hommes (Gallimard, 2012), La Sexualité masculine (Puf, « Que sais-je ? », 2013). Dernier ouvrage paru : Psychanalyse, vie quotidienne (Stock, 2015).
Catherine Chabert, psychanalyste, membre de l’Association psychanalytique de France (APF), professeur de psychopathologie clinique à l’Université Paris-Descartes, est notamment l’auteur, dans la même collection, de Féminin mélancolique (2003) et L’amour de la différence (2011), et, chez Dunod, d’un Traité de psychopathologie de l’adulte en trois tomes (2013). Dernier ouvrage paru : Maintenant, il faut se quitter... (Puf, « Petite bibliothèque de psychanalyse », 2017).
Aline Cohen de Lara est psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Paris (SPP). Elle est membre du comité de rédaction de la Revue française de psychanalyse, professeur à l’Université Paris-XIII Sorbonne-Paris-Cité. Elle a notamment publié : « Évitement de la langue, évitement des affects » (in Jacques André (dir.), Vie et mort des affects, Puf, « Petite bibliothèque de psychanalyse », 2016), « Déploiements des fantasmes sadiques dans la cure » (Revue française de psychanalyse, vol. LXXX, no 3, 2016), « Supporter la destructivité » (in Aline Cohen de Lara, Laurent Danon Boileau, La Destructivité chez l’enfant, Puf, « Monographies et débats de psychanalyse », 2014, p. 147-162), « La névrose obsessionnelle : théorie et clinique » (in Catherine Chabert (dir.), Traité de psychopathologie de l’adulte. Les névroses, Dunod, 2008, p. 151-208).
Ellen Corin, psychanalyste, membre de la Société psychanalytique de Montréal. Professeur retraité aux départements d’anthropologie et de psychiatrie de l’université McGill. Recherches en République du Congo, au Québec et en Inde, particulièrement sur la place de la culture dans les expériences limites et l’expérience de la psychose. Nombreux articles dans des revues d’anthropologie et de psychanalyse. Éditeur de plusieurs numéros de la revue Anthropologie et sociétés, dont Psychanalyse et anthropologie. L’ébranlement d’une rencontre ; Folies/Espaces de sens ; Les Dynamiques à la marge. A coédité avec Gilles Bibeau Beyond Textuality. Asceticism and Violence in Anthropological Interpretation.
Gilbert Diatkine est membre titulaire formateur de la Société psychanalytique de Paris. Il a notamment publié : « Une analyse mutuelle par correspondance » (Libres cahiers pour la psychanalyse, no 19, L’Amitié, printemps 2009, p. 71-86), « Jeux de mots » (Documents et débats. Bulletin intérieur de l’Association psychanalytique de France, no 78, décembre 2010, p. 69-78), « Winnicott, le jeu, les mots » (Annuel de l’APF. Le Fil d’Œdipe, Puf, 2012, p. 69-88).
Bruno Karsenti, après avoir enseigné la philosophie dans plusieurs universités (Aix-Marseille, Lyon, Paris-I), a rejoint l’EHESS en 2006. Il y dirige l’institut Marcel-Mauss. Ses livres touchent à l’histoire et à la formation des catégories fondamentales de la politique moderne. Dernièrement, il a publié La Question juive des modernes. Philosophie de l’émancipation (Puf, 2017), et, avec Cyril Lemieux, Socialisme et sociologie (EHESS, 2017).
Philippe Valon est psychiatre, psychanalyste, membre de l’APF. Il a participé aux 100 mots de la sexualité (Puf, « Que sais-je ? », 2011), aux 100 mots de l’enfant (Puf, « Que sais-je ? », 2013) et à La Pensée interdite (Piera Aulagnier et al., Puf, « Petite bibliothèque de psychanalyse », 2009).
Benoît Verdon est psychologue clinicien, psychanalyste, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie au laboratoire « Psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse » à l’université Paris-Descartes Sorbonne-Paris-Cité. Il est l’auteur de Clinique et psychopathologie du vieillissement (Dunod, 2012), Le Vieillissement psychique (Puf, « Que sais-je ? », 2013) ; il a coédité Psychologie clinique et psychopathologie avec Catherine Chabert (Puf, 2016) et coordonné Cliniques du sujet âgé. Pratiques psychologiques (Armand Colin, 2012).