Résumé
Les études en sciences sociales consacrées au changement institutionnel peuvent-elles se passer du vécu individuel et ordinaire de ce changement ? Ce livre propose d’intégrer l’expérience sensible du sujet comme point de passage obligé à l’analyse des formes et dynamiques institutionnelles.
L’institution n’est pas un objet invariable dans l’espace et dans le temps. Sa forme découle de ceux qui la font, des rapports entre les instituants, les institués, ceux qui la vivent, la commentent et la perçoivent. Elle équivaut ainsi à un complexe de relations ne pouvant, dès lors, être saisi dans sa totalité. Cela rend impossible tout accord sur ses contours, un peu à l’image de la célèbre sculpture d’Umberto Boccioni esquissant une silhouette en mouvement. Nous voilà plongés dans une logique toute bergsonienne qui envisage le changement comme un élément de durée et son expérience comme une invitation à penser le mouvement sans l’espace.
Cet ouvrage est un plaidoyer pour des études institutionnelles incluant la perception individuelle du changement institutionnel comme composante dans la reconstruction intellectuelle de la trajectoire de l’objet. Il entend alimenter les approches interprétatives des études institutionnelles en développant une analytique des formes sociales appuyée sur une anthropologie politique.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction. L’institution. Formes uniques de continuité dans l’espace
Avant-propos
Ce que changer veut dire. D’un temps spatialisé à l’ordre concret des perceptions sensorielles
Percevoir et représenter le changement institutionnel : une même réalité sensible
Une théorie évolutionnaire du changement peut-elle se passer des données immédiates de la conscience ?
Perception, représentation et explication : des démarcations impossibles
I. Le changement institutionnel. La construction d’un récit à partager
1. Le fonctionnement n’explique pas la forme
2. De la perception à la modélisation de l’institution. Chemin ou relation ?
3. Le changement institutionnel en question
II. La consistance des institutions. Un préalable à la détermination du changement
1. Les enseignements du paradoxe de l’œuf et de la poule. L’intériorité des êtres en question
2. La science des institutions. Une ontologie naturaliste en quête de légitimité
3. La notion d’évolution. Le ciment de l’approche naturaliste
III. Le changement institutionnel. Figures, modalités d’existence et formes d’attestation
1. Attester du changement : un acte de valuation
2. Les modes d’existence de l’institution : Création, re-création et récréation
Conclusion. L’institution, mode d’emploi
Notes bibliographiques
Autour de l'auteur
Virginie Tournay, chercheure au CNRS (CEVIPOF) à Sciences Po Paris. Elle est notamment l’auteur de La Sociologie des institutions (Puf, « Que-sais-je ? », 2011), après Vie et mort des agencements sociaux. De l’origine des institutions (Puf, 2009) et S’il-te-plaît, dessine-moi une institution (Glyphe, 2012). Elle a obtenu la médaille de bronze du CNRS en 2011.