Résumé
Pascal et ses Pensées peuvent-ils « donner » la foi ? Si celle-ci est d’abord grâce, don d’un Dieu libéral et qui s’en réserve l’initiative, alors le projet apologétique ne peut manquer d’être interrogé, et sans doute radicalement compromis : à quoi bon convaincre l’incroyant de se mettre en ordre de recherche, à quoi bon lui proposer un chemin de conversion, s’il ne lui appartient pas de trouver ce qu’il cherche, cette foi qui demeure à distance du pouvoir de l’homme ? Loin d’être ignorée de Pascal, cette objection radicale, discrète dans la lettre des fragments, joue au contraire un rôle majeur dans le projet général des Pensées.
La présente étude propose de mettre en lumière cette objection souvent oubliée, afin d’examiner la manière dont Pascal y répond : il propose à son interlocuteur un véritable itinéraire de conversion, concret, qui fait intervenir le corps comme l’esprit, l’intérieur comme l’extérieur, dans une sincérité qui se veut maximale. L’attention portée à cette réponse permet d’éclairer de manière renouvelée des thèmes devenus « classiques » : le texte du Pari, les trois ordres, la critique des philosophes et le scepticisme de Pascal, la relation de l’homme à Dieu, le rôle des prophéties et l’histoire du salut, les rapports entre la nature, la liberté et la grâce.
Caractéristiques
Sommaire
I – Introduction
II – Les exigences formelles de la « machine »
Les limites immanentes au projet d’apologie de la religion chrétienne
Le statut responsorial d’une notation énigmatique
III – Le sens immanent aux gestes de la « machine »
La genèse de la foi par le corps
Examen de l’interaction entre l’ « intérieur » et l’ « extérieur »
La « machine » et les figures de la « sincérité »
IV – La relation de l’homme à Dieu selon les Pensées
Définitions
La connaissance de Dieu
Actes religieux et histoire du salut
Vertu de religion
V – Conclusion
Autour de l'auteur
David Rabourdin est ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon.