Résumé
« Plutôt mourir ! » : voilà ce qu’évoque pour le plus grand nombre l’éventualité d’aller vivre en maison de retraite. Il faut dire que, depuis près de cinquante ans, ces établissements sont volontiers décrits comme des mouroirs. Ils perdurent pourtant, en tant que lieux hautement compétents car spécialisés et « adaptés » à la vieillesse, sous la surveillance accrue des services de l’État, dans ce qui est devenu un marché des solutions pour les personnes âgées.
Dans un tel cadre, les connaissances envisagées comme nécessaires pour bien agir en maison de retraite sont hantées par le spectre de la maltraitance et de plus en plus spécialisées, nombreuses, segmentées, normées et parfois contradictoires. Malgré les tentatives d’améliorations, les professionnels, débordés, s’y décrivent comme impuissants à produire le service de qualité qu’ils souhaiteraient, tandis que les résidents y vivent comme dans une impasse, avec la mort pour tout horizon. Mieux comprendre les contradictions de fond auxquelles la fabrique de la maison de retraite fait face au quotidien permet d’ouvrir des perspectives vers d’autres possibles.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 – Le spectre omniprésent de l’institution totale et disciplinaire
L’institution totale et disciplinaire
Un spectre pour sociologues
Un spectre pour politiques
Un spectre entre les murs
Chapitre 2 – Différentes logiques guident les pratiques
L’EHPAD : un produit qui se vend (marchand)
Produire du bien-être sur un mode industriel
Faire au « feeling » (inspiration)
« Comme si » ils étaient à la maison (domestique)
Défendre les « personnes âgées » ou les « professionnels » ? (civique)
L’importance des « réputations » (opinion)
Paradoxes, difficultés et injonctions contradictoires : empilements normatifs
Chapitre 3 – Des asymétries sociales pour partie negociables
Les résidents, tout en haut ou tout en bas de l’échelle
Les « familles » : co-clientes et expertes mais ni résidentes, ni professionnelles
Les professionnels surveillés et inegalement savants
Les gestionnaires, arbitres intermédiaires
Mise sous tutelle générale
Chapitre 4 – Formes du savoir (1), conséquences professionnelles
Spécialisation, standardisation et division du travail de connaissance
Pédagogisation et insécurité professionnelle
Évaluation multicroisée, ou la surveillance de tous par tous
Conditions de travail et traitements : deux faces d’une même pièce
Chapitre 5 – Formes du savoir (2), Les personnes âgées, des êtres « à part »
Des résidents définis par et pour le travail sur eux
Des résidents absents de la division sociale des tâches
Absence d’un « droit à l’amélioration » pour les personnes âgées
Chapitre 6 – Catégorie personnes âgées et classification
Histoire d’une catégorisation
Catégorie cognitive
Conclusion
Bibliographie
Table des matières
Index des abréviations
Autour de l'auteur
Iris Loffeier est docteur en sociologie et collaboratrice scientifique à l’université du Luxembourg. Elle a conduit cette recherche à l’université d’Aix-Marseille, au sein du Laboratoire méditerranéen de sociologie (LAMES), sous la direction de Nicole Ramognino.