Résumé
Les ONG sont-elles devenues des « multinationales de l’action collective » ? Le recours aux recettes du marketing pour enrôler de nouveaux soutiens dans ces organisations militantes le laisse penser, de même que la sous-traitance à des agences spécialisées des programmes de recherche de donateurs. Comment comprendre alors la double nature des ONG, qui empruntent au secteur marchand ses ficelles managériales mais scandent qu’un autre monde est possible ? Modernisation nécessaire pour certains, corruption d’un univers vertueux par le marché pour d’autres, ce processus suscite de nombreux débats aux termes bien tranchés : amateurisme contre professionnalisme, militantisme contre logique néolibérale, altruisme contre intérêt… Pourtant, pour les spécialistes du marketing au siège des ONG comme pour les recruteurs de donateurs dans les rues, collecter des fonds est vécu simultanément – mais non sans contradiction – comme un « sale boulot » et comme une forme de dévouement militant. À travers une enquête ethnographique minutieuse parmi les marketers de la vertu, cet ouvrage met en lumière la mise à l’épreuve de l’enchantement militant par les techniques managériales. Il éclaire ainsi d’un jour nouveau les enjeux et tensions traversant le monde des ONG. Vendre une cause : à quel prix ?
Caractéristiques
Sommaire
Préface
Introduction
PREMIÈRE PARTIE. — COMMENT LE MARKETING DIRECT VINT AUX ONG
Chapitre premier. Les pionniers et l'eldorado américain (1960-1980)
Le management et le marketing dans les années 1960-1970
Les années 1980 ou l'âge d'or de la collecte pour les ONG
Chapitre II. La décennie 1990 et la montée des contestations
Le fundraising mis à mal
Les gens du sous-sol
Fundraisers en ONG, agences-conseils et services de communication : l'enjeu d'un partage des tâches
Chapitre III. La consécration paradoxale du fundraising (années 2000)
Le fundraising associatif : enfin légitime ?
Une réussite en trompe-l'œil
SECONDE PARTIE. — LE STREETFUNDRAISING, DE GREENPEACE AUX AGENCES PRIVÉES
Chapitre IV. La mise en œuvre controversée du streetfundraising par Greenpeace France
L'importation du streetfundraising
Réticences internes, pression externe
L'appropriation du programme : faire sien et rendre propre
Chapitre V. Ethnographie d'un sale boulot
Mettre en scène la « belle rencontre » dans le petit théâtre de la rue
Réussir à y croire, croire qu'on va y réussir
La prise en charge par l'institution de la tension entre dynamique marchande et militante
Chapitre VI. La monopolisation du marché par une agence militante
Genèse de l'agence
De la concurrence au monopole
Une entreprise militante ?
Conclusion
Annexes
Bibliographie
Postface
Autour de l'auteur
Docteur en science politique, Sylvain Lefèvre poursuit ses recherches à l’Université de Montréal sur les transformations managériales du militantisme, ainsi que sur l’implication des fondations privées dans les politiques sociales.
Préface d'Édith Archambault.