Résumé
Du Piss Christ de Serrano à Plateforme de Houellebecq, en passant par l’œuvre intitulée Lego Concentration Camp Set de Zbigniew Libera ou aux plastinisations de cadavres de Von Hagens, les relations de l’art et de l’éthique apparaissent bien comme l’inévitable horizon de questionnement suscité par certains devenirs contemporains de l’art. Mais peut-on juger d’une œuvre au nom de l’éthique ? Non, répond la doxa contemporaine qui considère l’art, absolutisé par le romantisme et déclaré souverain par l’École de Francfort, comme une valeur inquestionnable. Oui, affirment ceux qui ne croient pas en l’extraterritorialité de l’art. L’ouvrage prend, par rapport aux polémiques qui s’ensuivent, le recul de la réflexion. Il montre à travers l’étude de trois grandes configurations historico-conceptuelles que cette question de savoir si l’éthique doit se prononcer sur l’art est solidaire de celle de savoir si l’art doit
se préoccuper d’éthique (que cela soit pour servir la morale ou pour la transgresser), et que toutes deux impliquent la question de savoir si l’art peut (par quels moyens et dans quelle mesure) quelque chose pour (ou contre) l’éthique. Car seul un détour par l’histoire et par le concept permet de comprendre ces polémiques et de prendre position dans un débat crucial pour notre présent.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. — L'art sous l'autorité de l'éthique
De l'intention à l'œuvre
Les moyens de l'efficace
Nature et portée du bénéfice moral
Une efficace aléatoire
Chapitre II. — L'indépendance de l'art et de l'éthique
L'invention des beaux-arts
Constitution d'une esthésique de la réception
Fonctionnalismes indirects
De l'autonomisme
Limites du formalisme
Chapitre III. — Art et transgression éthique
De la transgression dans l'art
Analyse des discours d'accusation
Réponses aux accusations
Analyse critique des arguments de l'accusation et de la défense
Dimension esthétique et dimension morale : positions théoriques
Le défaut éthique comme défaut artistique
Conclusion
Bibliographie
Autour de l'auteur
Professeur de philosophie à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, Carole Talon-Hugon est notamment l’auteur de Goût et dégoût. L’art peut-il tout montrer ? (Jacqueline Chambon, 2003), Les Passions (Armand Colin, 2004) et L’esthétique (Puf, « Que sais-je ? », 2004).