Résumé
Le pouvoir n’est pas ce dont certains se saisissent un beau matin, pour ensuite le perdre ou le céder au gré des événements. À la lisière de nos vies, le pouvoir s’exerce et se risque sans cesse. Telle fut la grande leçon de Michel Foucault, marquant la fin des rêves – ceux de la révolution, de la transgression, de la prophétie – et le retour du sérieux en philosophie.
Le pouvoir réserve bien des surprises à celui qui se risque à en faire l’analyse. À la fois fort et faible, sûr de sa fin et équivoque, tenace mais réversible, le pouvoir semble perpétuellement menacé par autre chose que l’opposition réfléchie à son exercice. Comment rendre compte de ce paradoxe du pouvoir sans s’interroger sur son lieu d’émergence, ou – si l’on veut conjurer les chimères de l’origine – sur sa limite ? Quel est cet autre du pouvoir, qui à la fois le sous-tend et le met en péril, et hante l’écriture du philosophe ? Cet autre, nous l’appellerons : la bataille. C’est de cette région obscure autour du pouvoir, peu explicitée par Foucault et pourtant présente dans son œuvre, que nous tenterons d’approcher.
Caractéristiques
Sommaire
1. La question du pouvoir comme vigilance première du philosophe
1.1. L’éclipse du pouvoir dans le « dernier » Foucault : évaluation critique
1.2. L’ontologie critique de nous-mêmes
1.2.1. Le présent
1.2.2. L’ontologie
1.2.3. La critique
1.3. Le pouvoir sans dehors
2. Le pouvoir ou la bataille ?
2.1. Un indice : l’étude historique des formes judiciaires de la vérité
2.2. Un changement d’hypothèse
2.2.1. Il faut défendre la société (1976)
2.2.2. « Le sujet et le pouvoir » (1982)
2.3. Comment lire un événement ?
2.3.1. L’écriture de l’histoire : enjeu et méthode
2.3.2. L’événement entre régularité et irrégularité
2.3.3. L’archive de l’infamie
3. De deux manières de dire la vérité
3.1. La vérité politique de l’histoire
3.2. La vérité des batailles
3.3. De la patience entendue comme une certaine forme de l’urgence
Épilogue : On a raison de se soulever
Autour de l'auteur
Philippe Chevallier est docteur en philosophie. Il est notamment l’auteur de Michel Foucault et le christianisme (ENS éditions, 2011) et a dirigé avec Antoine de Baecque le Dictionnaire de la pensée du cinéma (Puf, 2012). Il travaille à la Bibliothèque nationale de France.