Résumé
La relation entre la métaphysique et le christianisme a fait l’objet, tout au long du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, de nombreux et puissants conflits d’interprétations, les unes tendant à régionaliser le christianisme dans les thèmes et les concepts de la métaphysique grecque, d’autres plaçant le discours théologique en position de science récapitulative de la quête métaphysique, d’autres encore estimant pouvoir déclarer l’hétérogénéité des deux traditions philosophique et théologique. Étienne Gilson avait certes montré tôt la part que le christianisme a effectivement prise dès avant le Moyen Âge dans le destin de la métaphysique, et relevé les modalités par lesquelles la métaphysique avait pu favoriser l’auto-intelligibilité du christianisme.
Sans doute ne suffit-il plus aujourd’hui de discuter les thèses contrastées d’une métaphysique « postchrétienne » ou d’un christianisme «?post-métaphysique?»?; il convient, en amont, de poser la question des conditions par lesquelles la métaphysique, surmontant ses apories théoriques et redéfinissant ses attendus, peut renouveler son interlocution avec le christianisme et réciproquement. Les auteurs, dont les présentes contributions ont fait l’objet d’une série de conférences spécialement organisées à l’occasion du vingtième anniversaire de la Chaire Gilson, tentent de reformuler les termes d’une question décisive tant pour la philosophie que pour la compréhension du christianisme.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos, par Philippe Capelle-Dumont
Première leçon – Métaphysique et christianisme. Une problématique renouvelée, par Philippe Capelle-Dumont
I – Métaphysique contestée, métaphysique reléguée
II – Métaphysique revisitée, métaphysique réinterrogée
III – Enfin la métaphysique !!!
IV – Métaphysique en christianisme
Deuxième leçon – Une métaphysique chrétienne est-elle possible ?… en relisant Gilson, par Andreas Speer
Troisième leçon – D’une métaphysique de l’infini à une théologie trinitaire infinie, par David Tracy
I – Introduction
II – La croyance grecque classique à propos de l’infini comme imperfection
III – Plotin sur l’infini comme parfait
IV – Grégoire de Nysse, le Dieu aimant infini et le désir humain infini (epektasis)
V – Le platonisme et le Dieu incompréhensible-infini de la théologie chrétienne primitive
VI – Le débat médiéval sur l’infinité comme un attribut et/ou un nom de Dieu
VII – Descartes et l’idée innée de l’infini comme le nom de Dieu
Quatrième leçon – Épiphanies. Hopkins, Scotus, Joyce, par Richard Kearney
I – Hopkins et l’Épiphanie
II – Scot et l’Eccéité
III – Joyce et l’Épiphanie
IV – Triangles textuels 0
Conclusion
Épilogue en hommage à Stanislas Breton
Cinquième leçon – La « fonction méta » et la Croix du Christ, par Jean Greisch
I – La métaphysique comme « science cherchée » : une « étrange aventure intellectuelle »
II – L’infrastructure de la métaphysique : le jeu de la transcendance »
III – La « fonction méta » et la Croix du Christ : une sagesse cruciforme
Sixième leçon – Doubler la métaphysique, par Jean-Luc Marion
I – Situation
II – Distinctions
III – Limites
IV – Les ordres
V – Doubler la métaphysique : la faire servir à un autre dessein que le sien
Contributeurs
Index des noms
Autour de l'auteur
Philippe Capelle-Dumont est professeur à l’université de Strasbourg, président de la chaire Étienne Gilson et président de la Société francophone de philosophie de la religion.
Jean Greisch est enseignant-chercheur attaché au CNRS (Archives Husserl) et titulaire de la chaire Romano Guardini à l’université Humboldt de Berlin.
Richard Kearney est professeur à Boston College.
Jean-Luc Marion, membre de l’Académie française, professeur émérite à l’université Paris Sorbonne, est professeur à l’université de Chicago et à l’Institut catholique de Paris.
Andreas Speer est professeur à l’université de Bonn.
David Tracy est professeur émérite à l’université de Chicago.