Résumé
En étudiant Le Diable et le bon Dieu de Jean-Paul Sartre (1951), Les Noyers de l’Altenburg d’André Malraux (1943) et Les Géorgiques de Claude Simon (1981), l’auteur entend mettre en lumière la manière dont ces œuvres singulières se saisissent de l’expérience de la guerre et ainsi rencontrent, en littérature, le problème de l’histoire.
Envisagée comme une puissance de renversement, la guerre détermine ici une série de révélations, qui concernent aussi bien l’essence de l’homme, sa permanence au sein de civilisations en proie au déclin (Les Noyers de l’Altenburg) que le statut et la possibilité de son engagement dans l’histoire collective (Le Diable et le bon Dieu), ou encore sa disparition pure et simple dans le mouvement même de cette histoire, rendue à la pure immanence de ses productions (Les Géorgiques).
Les figures de l’échec, de la chute, ou encore de la rematérialisation sauvage de l’homme au contact de l’histoire se trouvent ainsi placées au cœur de l’expérience littéraire du XXe siècle.
Caractéristiques
Sommaire
Avant-propos
HISTOIRE ET ALIÉNATION. — JEAN-PAUL SARTRE, LE DIABLE ET LE BON DIEU
I. L’avenir d’une illusion
II. Les enjeux philosophiques de la dramaturgie sartrienne
L’imaginaire ou le réel ?
Un théâtre en situations
L’action imaginaire au théâtre
III. D’une conversion l’autre ? Le Diable et le bon Dieu
Une autobiographie dramatique
Le masque de la religion
Les chemins de l’aliénation : Dieu, Moi et les autres
« Curieux tout de même qu’il n’y ait pas d’issue »
IV. Une pensée… dramatique
LA QUERELLE DE L’HUMANISME. — ANDRÉ MALRAUX, LES NOYERS DE L’ALTENBURG
I. La fin du roman
II. La « voie négative » de l’aventure
L’aventurier-philosophe
Les illusions perdues de Vincent Berger : la tentation du néant
Le retour à la vie : la métamorphose de l’aventure
III. Entre Pascal et Nietzsche
L’énigme fondamentale : qu’est-ce que l’homme ?
La valeur métaphysique de l’art
IV. À la recherche de l’homme fondamental
Möllberg
De Frobenius à Spengler
L’homme, fantôme de l’Afrique
V. « Régler son compte à Spengler… »
Les « noyers » de l’Altenburg
De l’Histoire au mythe : figures de l’« homme fondamental »
VI. Fonder l’Homme à nouveau
L'HISTOIRE À L'ENVERS. — CLAUDE SIMON, LES GÉORGIQUES
I. La crise de la représentation
II. Un texte en (re)construction
Des archives du général au « montage » romanesque
La « fugue » des Géorgiques
Échos d’Orphée
De main en main : les relais de l’écriture
Superpositions et répétitions : l’unité recomposée
III. La déconstruction de l’Histoire
Une histoire de famille
Le double
L’Histoire et la Nature : sous le signe de Virgile
Une autre version de l’Histoire
IV. Le monde à l’envers
L’enjeu des signes
La mise en scène de l’Histoire
L’ordre du discours
L’écran traversé
V. La matière de l’Histoire
Autour de l'auteur
Normalien, agrégé, docteur en philosophie, Philippe Sabot enseigne la philosophie à l’Université de Lille III depuis 2001.