
Résumé
À la fin du Moyen Âge, après des siècles d’abandon du lexique maritime antique, les mots d’une nouvelle accusation pénale – le crime de piraterie des Latins – réapparaissent dans les archives. Peu à peu, le lexique médiéval des « larrons de mer » se retire des rivages, tandis que s’avance le pirate : au seuil de la modernité, la France réinvente son criminel en mer. Cette mécanique fut avant tout atlantique et royale : une invention, ou découverte, de la piraterie, telle une relique sainte du passé romain qui serait remontée à la surface avant d’être exploitée par les Valois pour ses vertus pénales. Cette épiphanie médiévale du pirate français est remarquable en ce qu’elle scrute l’obéissance des gens de mer, ainsi mis en sujétion par une inflexion profonde de la doctrine pénale. Le royaume de France, devenu au XVe siècle une puissance maritime, livre ainsi un nouveau récit des navigations, dans lequel pirates et rois se combattent, pour mieux transformer le statut de ses frontières atlantiques.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
CHAPITRE 1. LES VIOLENCES MEDIEVALES EN MER
I. L’extinction des récits pirates
II. Le règlement des conflits maritimes
III. L’Amirauté contre le crime
CHAPITRE 2. LA FABRIQUE DU MALEFICE MARITIME
I. Les mers diaboliques
II. Le lexique criminel
III. Le retour du pirate antique
CHAPITRE 3. LE ROYAUME CONTRE LES PIRATES
I. La piraterie en Parlement
II. Les pirates dans les Jugements de la mer
III. Les traités internationaux et les pirates
Conclusion
Pièces justificatives/Table des figures/Sources et bibliographie
Autour de l'auteur
Pierre Prétou est professeur d’histoire du Moyen Âge à La Rochelle Université. Spécialiste de l’histoire de la justice dans les espaces atlantiques, il est membre de l’UMR LIENSs, (Littoral, Environnement et Sociétés, CNRS, UMR 7266). Il a également codirigé (avec D. Roland) Fureur et cruauté des capitaines en mer (PUR, 2012).