Résumé
Le 5 mars 1616, un décret de la Congrégation de l’Index annonçait officiellement la condamnation des idées de Copernic sur le mouvement de la Terre. Cette censure ecclésiastique est devenue l’emblème d’une négation de l’autonomie de la recherche scientifique par les dogmes religieux. Aujourd’hui, la question des relations entre sciences et religions et des appels au « dialogue » entre ces deux domaines pourtant si éloignés par leurs objets et leurs méthodes refait surface.
Le thème du conflit a dominé les débats qui ont opposé depuis le XVIIe siècle les savants aux autorités religieuses sur des questions d’astronomie, de géologie, d’histoire naturelle ou sur l’origine de l’homme et des religions. Cet essai prend le contre-pied du courant actuellement dominant chez les historiens des sciences qui minimise les conflits les plus célèbres entre sciences et religions et propose une version œcuménique et édulcorée de l’histoire des rapports entre deux institutions, dont chacune tente d’imposer sa vision du monde, l’une fondée sur la nature, l’autre sur le surnaturel.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 – Les limites théologiques de l’autonomie des sciences
Aristote : un premier conflit des facultés
Copernic tente sa chance
Censure luthérienne de Kepler
Galilée attaque les théologiens
L’épistémologie catholique du Cardinal Bellarmin
L’Inquisition et ses procédures
Galilée dénoncé, Copernic condamné
Une conjoncture favorable à Galilée
Un ballon d’essai : la lettre à Ingoli
Galilée condamné et séquestré
Chapitre 2 – Copernic et Galilée : deux épines au pied des papes
Peiresc demande la libération Galilée
Leibniz à la défense de Copernic
L’Encyclopédie implore Benoît XIV
La sépulture tardive de Galilée
La fin d’un acharnement
Napoléon s’empare des archives du procès de Galilée
La réhabilitation de Galilée
Galilée et Vatican II : une nouvelle conjoncture exceptionnelle
L’intervention de Jean-Paul II
Chapitre 3 – Dieu : Du centre à la périphérie des sciences
À la recherche de causes naturelles
La théologie naturelle : la science au service de Dieu
Dieu : une hypothèse inutile
La géologie contre le Déluge
La révolution darwinienne
Une histoire naturelle de l’homme
Une histoire naturelle des religions
Naturaliser Dieu
Chapitre 4 – la science censurée
L’autocensure des savants catholiques
Censure à l’université de Louvain
Des atomes inquiétants pour l’Église
La pluralité des mondes
Pas d’astronomie pour les dames…
Une Histoire naturelle « hypothétique »
Condamnation du matérialisme et de l’histoire critique des religions
Rétractations évolutionnistes
Chapitre 5 – Du conflit au dialogue ?
L’évolution des discours sur les rapports entre science et religion
La montée des conflits
Les deux livres de Dieu ne peuvent se contredire
La montée du « dialogue » science-religion
L’effet Templeton et l’« industrie » de l’histoire des rapports science-religion
Chapitre 6 – Qu’est-ce qu’un « dialogue » entre science et religion ?
Le dialogue comme mode d’argumentation
Les apôtres du dialogue
L’intersection vide de deux univers de discours
Les usages mystico-théologiques de la physique
Le retour de la théologie naturelle
L’impossible rationalisation de la foi
La raison a-t-elle des limites ?
Chapitre 7 – Les croyances contre les sciences
L’affrontement de deux cultures
Quand les juges se font épistémologues
Des visions du monde incommensurables
Quand la prière rencontre la médecine
Paradigme médical occidental contre médecine ancestrale
Un choix et ses conséquences
Conclusion. Le pari de la raison
Autour de l'auteur
Yves Gingras est professeur à l’université du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences. Il a publié de nombreux ouvrages d’histoire et de sociologie des sciences. Les plus récents sont Sociologie des sciences (« Que sais-je ? », Puf, 2013) et Controverses : accords et désaccords en sciences sociales et humaines (CNRS, 2014).