Résumé
Ce livre prend appui sur les analyses logiques et ludiques de Lewis Carroll pour souligner le caractère fictif et labyrinthique de l’identité. Contre le sophisme du particularisme culturel, ce livre place l’identité dans une réflexion sur la frontière, en abandonnant les crampes mentales que donne la notion d’appartenance unique. Comment mettre en avant les observations et les expériences plutôt que les convictions et les jugements expéditifs ? Cette question, mise en évidence par des philosophes empiristes comme David Hume ou des logiciens comme Bertrand Russell, sert de pivot pour substituer au débat idéologique contemporain sur l’identité, les constructions fictives des philosophes, des constructions rationnelles qui prennent le relais des anciennes épopées pour penser le mien bien plus que le moi.
L’identité comme fable philosophique repose sur le réseau sémantique des emprunts et des métamorphoses. C’est une notion qui nous permet de refaire le lien avec la puissance onirique d’un personnage comme Alice dans Les aventures d’Alice au pays des merveilles. L’enseignement des songes d’une part, les exigences du droit d’autre part sont un antidote aux crispations identitaires.
L’exemple de la culture arabo-musulmane sert de mise à l’épreuve des thèses présentées ici. Cette culture, loin d’être enfermée dans une spécificité, est par bien des aspects – pensons à Averroès – le fonds anonyme de la culture européenne de la Renaissance du XVIe siècle et de celle des Lumières du XVIIIe siècle. Comparer sans égaler les productions culturelles est une activité qui aide à comprendre comment s’inscrivent dans la vulnérabilité des corps l’exil, l’accent, la voix : autant d’expressions flottantes de l’identité.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. — Au pays des songes
Identité et métamorphose
L'identité : un labyrinthe sémantique
Chapitre II. — Identité flottante
Identité et fiction logique
Attribution d'identité
Chapitre III. — Un critère d’identité culturelle ?
Ressemblance maximale
Ressemblance minimale
Les coutumes et les opinions
Chapitre IV. — Le nom propre : l'identité comme parure
Faire justice aux faits
Symbolique du nom propre
« Les probabilités non philosophiques »
L'identité ou l'exploration de la référence
Chapitre V. — Les constructions épiques de l’identité
La recherche d'un âge d'or
Par avance et une fois pour toutes
Parodie de l'épopée
Fables épiques
Chapitre VI. — L’épopée et ses substituts rationnels
Communauté originaire et communauté primitive
Lieux communs, emprunts et individualité
Chapitre VII. — La place et le corps
Le corps, frontière vivante
Vulnérabilité du corps
Le corps menacé
Chapitre VIII. — Voyage, migrations, emprunts
Le voyage des idées
L'expérience de la liberté : une « singularité occidentale » ?
Chapitre IX. — Le sophisme du particularisme culturel
L'auto-réfutation du particularisme
Le particulier et l'universel
L'identité comme pure différence
Le fatum mahometanum
Chapitre X. — La méthode historique versus le particularisme culturel
Lumières médiévales
L'hétérogène dans l'histoire
« La ventriloquie transcendante »
Le pouvoir au cœur du droit
Chapitre XI. — De la fable épique à la fable juridique
La fiction de la norme fondamentale
La fable du premier gouvernant
Chapitre XII. — L’outsider
« Route par ailleurs » : l'exemple de Léon l'Africain
Comparer sans égaler
Exil, accent, voix
Chapitre XIII. — « Ceci est à moi »
Du « moi » à « ceci est à moi »
L'avoir
Selon la capacité
L'identité sociale
Les conflits de la reconnaissance
Conclusion
Indications bibliographiques
Autour de l'auteur
Ali Benmakhlouf, professeur des universités, enseigne la philosophie à l’Université de Nice.