Résumé
Avec la naissance des universités, à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, une nouvelle catégorie d’individus apparaît, faisant profession d’étudier, de penser et d’enseigner. Grâce à cette étude à la croisée de l’histoire, de l’anthropologie et de la sociologie se dévoilent les stratégies mobilisées par cette communauté intellectuelle nouvelle pour s’affirmer en tant que catégorie autonome dans le paysage social et politique des derniers siècles du Moyen Âge.
En observant les nombreuses manifestations rhétoriques et gestuelles de l’idée médiévale d’honneur, l’auteur s’attache ainsi à décrire la formation d’une identité professionnelle propre aux maîtres, écoliers et officiers de l’université de Paris jusqu’à la fin du XVe siècle. Cet examen de conscience de l’Université médiévale permet ainsi de mettre en évidence quelques-uns des principes fondateurs d’une institution pluriséculaire.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Première partie – Honor et fama. Les universitaires dans le système de communication médiéval
Chapitre 1 : L’honneur d’une relation privilégiée : les universitaires et le pouvoir
Figures tutélaires et concurrence des honneurs
Le « moment Charles V » : une relation par l’image
Chapitre 2 : Paris, théâtre des honneurs royaux
Aux fondements d’une identité royale et savante
L’Université et les entrées dans la ville
La mort du prince
Chapitre 3 : Qu’est-ce qu’être universitaire ? Discours moral et fonctionnalisme social
La sphère publique de la pastorale
Du maître : statut magistral et substance sociale
Littérature politique et honorabilité universitaire sous Charles V et Charles VI
Deuxième partie – De la bona fama à l’honor magistralis : production et expressions d’un honneur communautaire
Chapitre 4 : L’intégration des béjaunes : une diffamatio initiatique
Caractères originaux d’un rituel initiatique médiéval
Rite d’inversion et célébration de la communitas
Chapitre 5 : Le cursus honorum universitaire
Genèse et enjeux d’une économie des grades
Le passage des grades comme système rituel
La concurrence des honneurs
Chapitre 6 : La parole intégratrice
Arengae et commendationes : ritualité d’une rhétorique de l’éloge
Serments et réseau juré
Chapitre 7 : Les processions universitaires : une liturgie de l’auctoritas
L’activité processionnelle universitaire : essai de typologie
Créer, en marche, l’universitas
L’honneur en marche : une notion spatialisée
Chapitre 8 : La memoria comme mémoire collective ?
Une memoria sous concurrence aux XIIIe et XIVe siècles
Une nouvelle conscience mémorielle (1370-1490)
De l’honor magistralis à la fama sanctitatis ?
Troisième partie – L’honneur en conflits : la domination de soi et des autres
Chapitre 9 : « Émouvoir à justice » : défense et restauration de l’honneur blessé
Des « armes de guerre spirituelle » : les censures ecclésiastiques
Les cessationes ou l’invention de la « grève »
Les réparations d’honneur
Chapitre 10 : L’image singulière du maître : iconographie d’une posture sociale
Magistère ou majestas ?
Images de la dérision : la majesté égratignée
Chapitre 11 : La présentation de soi : conscience universitaire et principes d’individuation
Sous le sceau magistral
Signature et sémiotique du soi
Chapitre 12 : Le « souci de soi » : la masculinité d’un honneur universitaire
L’idéal du célibat intellectuel
Genre et institutions : le paradoxe de la masculinité universitaire
Sexe et reproduction : la révolte des clercs ?
Conclusion générale
Sources et bibliographie
Table des figures et tableaux
Index
Autour de l'auteur
Agrégé d’histoire et docteur de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Antoine Destemberg est maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’université d’Artois.