Résumé
Des décennies durant, on a cru que la catastrophe juive délégitimerait pour toujours l’antisémitisme. Pourtant, dès 1945, des pogroms étaient perpétrés en Pologne, tandis qu’en France les années 2000 ont vu grandir un antisémitisme inédit depuis la guerre. Si le génocide a débordé depuis longtemps le cadre des communautés juives, jusqu’à devenir en Occident un événement culturel, ça et là apparaissent des critiques sur sa place dans la mémoire collective. Ce sentiment de saturation relève en réalité d’une société qui a fait du génocide un alpha et un oméga de la création. Or, à l’inverse du but recherché, cette centralité mémorielle a fini par empêcher de penser le présent. La tragédie, souvent réduite à un slogan incolore, les « heures les plus sombres de notre histoire », nous fait oublier que ce présent est gros de tragédies nouvelles, par définition inédites. Et, dans le même élan, l’histoire juive, accaparée par le génocide, est accusée dans la concurrence des mémoires de masquer les autres récits.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
L’expérience historique juive a entravé la perception du danger
Le souci d’histoire dans des nations en crise
Une césure anthropologique ?
Chapitre 1 – Une désolation politique
Les contemporains
Une conscience immédiate de la catastrophe
Comment écrire cette histoire ?
Chapitre 2 – Réécrire l’histoire
Pour survivre
Mythologies
Après guerre
Quelle culpabilité ?
Tous coupables : une innocence partagée…
Chapitre 3 – Des sociétés juives
La question des Conseils juifs
La révolte, la vengeance et la honte
Chapitre 4 – Faire de l’histoire
Prologue
Le modèle d’une reconstruction mémorielle : la Grande Guerre
La passion archaïque de l’antijudaïsme
Un crime idéologique
Jalons européens et proche-orientaux
Chapitre 5 – Du silence à l’hypermnésie
« Cela aurait pu se passer n’importe où ailleurs… »
Heidegger blanchi
Faire de la Shoah une « religion civile » ?
L’universalisation américaine
Banalisation et amalgames
Chapitre 6 – La christianisation de la catastrophe juive
Racines chrétiennes
Déjudaïser la catastrophe. La haine reconvertie
En Europe occidentale, une déjudaïsation plus subtile
La diabolisation du signe juif vivant
Après 1945, la diabolisation soviétique du sionisme
Chapitre 7 – L’impératif travail d’histoire
Effets pervers de l’hypermnésie
Guerre des mémoires et réécriture de l’histoire
L’État d’Israël sur le banc des accusés
Comment transmettre ?
Autour de l'auteur
Georges Bensoussan, historien, est notamment l’auteur d’Auschwitz en héritage ? (Fayard), Un nom impérissable. Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d’Europe (Seuil) et Histoire de la Shoah (Puf, « Que sais-je ? »).
