Résumé
Dans l’impossibilité de percevoir un salaire ou des prestations sociales faute de compte bancaire ; stigmatisées par leurs paiements en espèces dans les supermarchés suite à une interdiction bancaire qui les prive de carte bancaire ou de chéquier ; angoissées à la vue de la moindre facture et contraintes d’accumuler les privations en raison de leur surendettement : toutes ces personnes ont en commun d’être confrontées au processus d’exclusion bancaire.
Si la crise financière a rappelé avec brutalité le rôle social de la finance à l’échelle mondiale, elle a pour corolaire la place des produits bancaires dans la vie de tout un chacun. Aujourd’hui, les particuliers n’ont pas le choix, il leur est indispensable d’avoir un accès approprié aux produits bancaires pour mener une vie décente. Le problème est que ces derniers sont distribués par des établissements soumis à des exigences croissantes de rentabilité et de compétitivité. Il en résulte une situation paradoxale où des produits indispensables à l’appartenance et à la cohésion sociales sont soumis aux contraintes de l’activité marchande. Le processus d’exclusion bancaire en est le résultat dramatique mais logique.
Afin d’en donner à voir les mécanismes, ce livre analyse à la fois le déroulement des relations entre les clients et leurs prestataires bancaires, et le contexte dans lequel elles se développent. Cette mise en perspective permet d’éviter les discours simplistes sur la cupidité des banquiers ou l’irresponsabilité des clients. Elle permet au contraire d’être attentif aux savoir-faire et contraintes des clients, aux objectifs et à la diversité de pratiques des établissements bancaires, au rôle potentiel de la société civile, et à la responsabilité des pouvoirs publics.
Fondé sur un travail d’enquête approfondi, ce livre donne à voir les causes et conséquences des difficultés bancaires et propose une évaluation poussée de réponses potentielles comme l’éducation financière, le microcrédit mais aussi et surtout la régulation du secteur bancaire.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction générale
Première partie. — La financiarisation des rapports sociaux : une transformation institutionnelle
Introduction
La financiarisation des rapports sociaux
L’État architecte de la financiarisation
Conclusion de la première partie
Deuxième partie. — La relation bancaire à l’épreuve de la financiarisation marchande
Introduction
Relation bancaire et incertitude : renouveler l’analyse
Contrainte de rentabilité et mise en échec de la relation bancaire
Conclusion de la deuxième partie
Troisième partie. — Les particuliers face aux difficultés bancaires et à leurs conséquences
Introduction
Une relation bancaire asymétrique : les phases du processus d’exclusion
Pauvreté et cohésion sociale dans les sociétés hautement financiarisées
Conclusion de la troisième partie
Quatrième partie. — Entre État et marché : repenser la réciprocité
Introduction
Les limites des réponses basées sur la logique marchande
Vers une régulation « solidaire »
Conclusion de la quatrième partie
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des illustrations
Annexes
Méthodologie : une approche socio-économique
Liste des entretiens
Autour de l'auteur
Georges Gloukoviezoff est chercheur et spécialiste des questions d’inclusion financière des particuliers. Il est membre du conseil de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES). Ses travaux portent sur les causes et conséquences des difficultés bancaires ainsi que sur les réponses possibles en France mais également à l’échelle européenne. Ses travaux sont accessibles sur son site Internet (http://gloukoviezoff.wordpress.com).