Résumé
La question du phénomène précède de beaucoup la phénoménologie, elle s’ouvre avec la philosophie et l’accompagne tout au long de son histoire. Mais ce préalable incontournable – car être veut dire apparaître – est surdéterminé par une présupposition irréfléchie. De la Grèce à Heidegger, dans les problématiques classiques de la conscience et de la représentation, dans leurs critiques, dans la phénoménologie de l’intentionnalité et dans ses prolongements, « phénomène » désigne ce qui se montre à l’intérieur d’un horizon de visibilisation, l’Ek-stase d’un Dehors.
La mise en cause de ce monisme ontologique établit que l’Ek-stase ne subsiste que sur le Fond de son anti-essence : immanence si radicale qu’elle ne se tient jamais à distance, incapable de se voir, âme sans Idée, vie dépourvue d’archétype mais liée à soi invinciblement, s’éprouvant dans le subir, le souffrir et le jouir de son propre pathos. Parce que, avant que ne se lève le monde, une Affectivité transcendantale accomplit en nous son Archi-Révélation en même temps qu’elle engendre notre ipséité, ce sont d’autres catégories, d’autres penseurs, une nouvelle phénoménologie qui sont requis si nous voulons parvenir, enfin, à l’intelligence de ce que nous sommes.
Caractéristiques
Sommaire
Abréviations utilisées dans les notes
Introduction. — Le problème de l'être de l'ego et les présuppositions fondamentales de l'ontologie
Section I. — Élucidation du concept de phénomène. Le monisme ontologique
Section II. — Répétition de l'élucidation du concept de phénomène. Transcendance et immanence
Section III. — La structure interne de l'immanence et le problème de sa détermination phénoménologique : l'invisible
Section IV. — Interprétation ontologique fondamentale de l'essence originaire de la révélation comme affectivité
Appendice. — Mise en lumière du concept originaire de la révélation par opposition au concept hégélien de manifestation (Erscheinung)
Autour de l'auteur
Michel Henry, professeur émérite à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, a publié aux PUF, dans la collection «?Épiméthée », Philosophie et phénoménologie du corps (1965), Généalogie de la psychanalyse. Le commencement perdu (1985) et Phénoménologie matérielle (1990).