Résumé
La révolution numérique n’a pas eu lieu. Censés dynamiter les structures économiques et politiques traditionnelles, les « nouveaux médias » et les TIC témoignent au contraire de la reconduction, sinon de la consolidation, des logiques sociales et nationales de pouvoir associées aux vieux capitalismes. À l’heure où seuls résonnent les termes de « flux informationnels », de « mouvements volatiles de capitaux » et de « marchés financiers désincarnés », c’est l’économie du virtuel, paradoxe s’il en est, qui démontre toute l’importance des réseaux d’affaires, de pouvoir et de sociabilité réels bien à l’œuvre dans un univers supposé fonctionner, pourtant, sur la base de la seule rationalité marchande.
Enquête de longue haleine au cœur des conseils d’administration des plus puissants groupes internationaux du multimédia et des TIC, Les vieilles élites de la nouvelle économie révèle à quel point pèse sur les « vieilles » élites des « nouveaux médias » l’héritage d’une économie qui, jamais, ne s’est affranchie des États-nations, du politique et des dynasties d’affaires.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction. — La « révolution numérique » : discours et réalités
La preuve par les discours
L’épreuve des faits
Chapitre premier. — Penser les réseaux. Globalisation, communication et pouvoir
Pour en finir avec les global studies
Une définition sociologique de la puissance économique
L’industrie de la communication : une composante de l’État intégral
Chapitre II. — Une économie belge sous contrôle familial
« L’union fait la force » : consanguinité et clusters dans la vie économique belge
Une industrie politique, communautaire et confessionnelle
Les espaces de l’entre-soi
Chapitre III. — Le petit monde des grandes entreprises françaises
L’identité nationale des « multinationales »
Administrateurs multiples et « noyaux durs »
Les industriels de la communication : une incarnation du capitalisme d’État
Groupes de communication et industrie nationale des think tanks
Y être, c’est en être : cercles privés et relations d’affaires
Chapitre IV. — Le capitalisme américain du mythe aux réalités
Les conseils d’administration : une expression du protectionnisme économique
Les relations politiques, condition de la puissance économique
De l’ultralibéralisme théorique à l’opportunisme pratique
Chapitre V. — La construction politique du marché des TIC
Le « système technosécuritaire » américain : un incubatuer de l’industrie des réseaux
L’Europe des TIC, alliance des industriels et des politiques
Conclusion. — La « révolution numérique » n’a pas eu lieu
Annexes
Bibliographie
Autour de l'auteur
Maître de conférences au département des Arts et sciences de la communication de l’Université de Liège, Geoffrey Geuens est l’auteur de La finance imaginaire (Éditions Aden, 2011), de Tous pouvoirs confondus. État, capital et médias à l’ère de la mondialisation (EPO, 2003) et de L’information sous contrôle. Médias et pouvoir économique en Belgique (Labor/Espace de libertés, 2002).