Résumé
La colonisation et la guerre d’Algérie ont laissé des traces nombreuses et profondes dans la société française. 39% des jeunes Français ont un lien familial avec cette histoire. Pour eux, l’Algérie est un héritage intime. C’est ce qui explique la tristesse dans le regard suspendu d’un grand-père un soir d’été, ce sont ces bricks à l’œuf partagées chaque vendredi, ces insultes en langue arabe ou… sur les Arabes. Beaucoup de jeunes interrogent ces traces pour comprendre leurs origines, leur identité mais aussi la société française actuelle.
Sur la base d’une enquête auprès de 3 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans et d’une centaine d’entretiens avec des petits-enfants d’appelés, de pieds-noirs, de harkis, de juifs d’Algérie, de militants au FLN ou à l’OAS, cet ouvrage permet à la fois de constater ce que les jeunes savent de la colonisation et de la guerre d’Algérie, ce qui a été transmis dans les millions de familles affectées, et la façon dont cette nouvelle génération interprète, négocie et utilise cet héritage au quotidien. Plus généralement, cette recherche interroge le rôle de la mémoire collective sur la construction identitaire et la socialisation politique des jeunes. Elle permet de repérer les tensions politiques et identitaires héritées de cette histoire mais également de reconnaître le chemin de la normalisation que nous prenons collectivement. Les jeunes nous projettent dans une relation apaisée au passé. Parce qu’ils sont la génération du dépassement, ce livre leur donne la parole.
Caractéristiques
Sommaire
Préface de Benjamin Stora
Introduction : L’Algérie comme un boomerang – La France est-elle malade de son passé ?
Partie I : L’Algérie fait la France
Appelés en Algérie : de la guerre sans nom aux soldats sans cause
Les Pieds-noirs : quand la mémoire dicte l’Histoire
Les armoires vides de l’immigration algérienne
Les Juifs d’Algérie : à la recherche d’une culture perdue
Les Harkis : une mémoire cadenassée
L’OAS : un monde qui ne sait pas mourir
Partie II : Connaissances et représentations de la guerre d’Algérie chez les jeunes Français
Exploration du paysage mémoriel des jeunes
Le prisme de l’expérience familiale
Une lecture politique du passé
La guerre d’Algérie à l’école
La guerre d’Algérie dans la culture populaire
Partie III : L’Algérie, un héritage intime
Composer avec les traces de cette histoire
Entre silences et omniprésence : l’Algérie en famille
Transmettre malgré tout : Les mécanismes de la transmission familiale
Négocier les récits familiaux pour trouver sa place
Partie IV : Génération identité
Racisme et antisémitisme : quand l’histoire déborde
Mémoire et construction identitaire des jeunes
Partir en quête pour trouver sa place dans la France de 2022
Les tensions identitaires, un héritage politique
Partie V : Les jeunes, la guerre d’Algérie et la politique
Des héritiers plus politisés
Filiations et ruptures politiques en famille
Politisation, dépolitisation et repolitisation autour des enjeux mémoriels
Les jeunes jugent la mémoire collective
Conclusion : La génération du dépassement
Une jeunesse « pessimiste avec intelligence, optimiste par la volonté »
Les attentes d’une génération
Pour une sortie tranquille du postcolonial
Postface d’Anne Muxel
Autour de l'auteur
Paul Max Morin est chercheur au Cevipof et enseigne à Sciences Po Paris. Il collabore à plusieurs projets scientifiques, pédagogiques et culturels sur le sujet. Il est co-auteur du podcast Sauce algérienne, produit par Spotify (2022).