Résumé
Comment se construisent les inégalités de parcours chez les enseignants et les enseignantes du second degré ? C’est la question à laquelle cet ouvrage se propose de répondre, à partir d’une comparaison entre la France et l’Angleterre.
La question de la différentiation sexuée des parcours des enseignant-e-s souffre d’une invisibilité tant sociologique que politique. En France comme en Angleterre domine l’idée d’un métier « mixte », voire « bien » pour une femme. Pourtant, à partir d’une approche qui combine la prise en compte du contexte sociétal, du groupe professionnel et des stratégies individuelles, ce livre met en lumière la construction des inégalités de genre dans les vies professionnelles et personnelles des enseignant-e-s.
La comparaison internationale met aussi en lumière des différences significatives entre la France et l’Angleterre, suggérant par là même que, si inégalités il y a, celles-ci constituent des constructions sociales qui n’ont rien d’immuable.
Mais cet ouvrage montre aussi que l’on ne saurait tirer des conclusions sur l’égalité entre les hommes et les femmes sans regarder du côté de ce qui est considéré comme du « non travail ». En effet, si les enseignantes françaises sont davantage susceptibles que leurs consœurs anglaises d’adopter un modèle de carrière « masculin », cela se fait bien souvent au prix d’un jonglage spatio-temporel important et d’une division du travail domestique plutôt inégalitaire.
À la croisée de la sociologie de l’éducation, du travail et des théories des rapports sociaux de sexe, cet ouvrage propose une lecture critique des préjugés qui entourent ce groupe professionnel. Il remet en cause l’idée que l’enseignement se caractérise par l’égalité hommes-femmes, tant dans la sphère professionnelle que personnelle. Mais il montre aussi, grâce au pouvoir heuristique de la comparaison internationale et à l’analyse détaillée des arrangements micro-sociaux, que ces inégalités n’ont rien d’une fatalité.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. — Être enseignant(e) en France et en Angleterre
Les cadres de vie des enseignant(e)s
Le cadre d’analyse
Chapitre II. — La différentiation sexuée des carrières enseignantes
Enseignant(e), un métier « féminisé » ?
La place des hommes et des femmes dans les différents segments du marché du travail enseignant
Chapitre III. — La construction des identités professionnelles enseignantes
Penser les identités professionnelles
Les récits des enseignant(e)s français(es) et anglais(es) sur les identités professionnelles
Chapitre IV. — Différentiation sexuée et temporalités sociales
Les temporalités de l’activité professionnelle
La division sexuelle du travail domestique et de soin parmi les enseignant(e)s
L’interface vie professionnelle-vie familiale
Le « temps libre »
Chapitre V. — Les constructions discursives du genre en éducation
L’analyse de la construction discursive du genre
La place du genre dans politiques publiques et les débats sur l’école
La construction discursive du genre par les enseignant(e)s
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
Grille d’entretien
Description de la population d’enquête (entretiens principaux)
Autour de l'auteur
Marie-Pierre Moreau est Senior Research Fellow à l’Université du Bedfordshire, Royaume-Uni, et membre associée du CERTOP-CNRS, Toulouse. Ses travaux portent sur les politiques d’éducation et d’emploi, en particulier sur la question du genre en éducation. Elle est l’auteur de nombreux articles et contributions à des ouvrages collectifs sur ce thème.