Résumé
En réalité, notre Marianne nationale ne représente pas une seule et unique République pour tous les Français. Ceux-ci se font de ce régime deux conceptions bien différentes, qui reflètent des discordes politiques, sociales, économiques et culturelles. Pour les uns, la République est un État de droit démocratique et libéral, pour les autres, un projet de société étatiste et socialiste.Comment pourrait-il y avoir en France un consensus dès lors qu'on s'en fait des représentations aussi antagoniques ? Le propos de cet essai est d'étudier cet antagonisme, sa nature exacte, ses origines historiques et son devenir au cours des deux derniers siècles. Pour l'auteur, 1793 et la Ire République ont aboli l'œuvre constitutionnelle et législative de 1789, représentative de l'esprit des Lumières, car « la Révolution et la République sont deux choses différentes », et « 1793 est une religion honteuse, non consciente d'elle-même qui se présente comme un athéisme, un laïcisme et un matérialisme qui fonctionne sociologiquement comme une religion (...) Pour son malheur, la France a donné à cette religion (que l'auteur appelle la Gauche, en expliquant ses raisons) l'église dont elle avait besoin, c'est l'Éducation nationale » : d'où, selon lui, la reproduction des mythes identiques d'une génération à l'autre et l'impossibilité d'un véritable débat.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction. — Les deux Révolutions françaises
1789
1793
La « guerre des deux France »
Chapitre premier. — Premier mythe : 1793 aurait été démocrate
Les républicains se réclamant de 1793 ont toujours usé de voies de faits et d'émeutes
Ils n'ont jamais pratiqué de bonne foi les élections
Un millénarisme laïcisé
Chapitre II. — Deuxième mythe : 1793 aurait fondé la République
Incarnations successives de 1789 jusqu'à 1870
La mise en place des institutions républicaines, le rôle-clef des orléanistes
La République des républicains, un changement sociologique
Chapitre III. — Troisième mythe : 1793 aurait été laïque
L'anticléricalisme rationnel
L'anticléricalisme fanatique
L'école publique protestante
La franc-maçonnerie, Église de la République
Le laïcisme à la française, un nouveau cléricalisme ?
Chapitre IV. — Quatrième mythe : 1793 aurait été dreyfusard
Dreyfusards et antidreyfusards dans la phase judiciaire de l'Affaire
La phase politique, création d'un mythe
Chapitre V. — Cinquième mythe : les adversaires de 1793 auraient été nazis
Gaullistes et communistes
Le « précipité chimique » idéologique de l'après-guerre
La droite, seule coupable
La gauche amnistiée et magnifiée
La majoration de l'influence du marxisme dans la culture française d'après-guerre
Chapitre VI. — Sixième mythe : il n'y aurait de républicains qu'à gauche
Du début de la IIIe République à la Première Guerre mondiale
Entre les deux guerres
La IVe République
Une déficience de la doctrine démocrate libérale ?
Conclusion. — L'Église et la Gauche
Bibliographie
Autour de l'auteur
Philippe Nemo est professeur au Groupe École supérieure de commerce de Paris, où il enseigne l'histoire des idées politiques et sociales. Il est l'auteur de L'histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains (« Quadrige », 2002), de L'histoire des idées politiques dans l'Antiquité et au Moyen Âge (« Quadrige », 2007) et de Qu'est-ce que l'Occident ? (« Quadrige », 2004, traduit dans de nombreuses langues).