
Résumé
Maison souveraine du Saint-Empire dont les différentes branches s’établissent en Belgique, en Allemagne, en France et en Autriche, la famille Arenberg est un observatoire du gotha au XIXe siècle. Confrontée à la fragilisation de la propriété foncière, aux concurrences bourgeoises, aux défis de la sécularisation et à la démocratisation de la vie politique, l’aristocratie doit de toute urgence réinventer ses modèles économiques, idéologiques et socioculturels. Elle engage ainsi de nouvelles stratégies qui s’inscrivent dans des contextes nationaux et régionaux supposant une adaptation permanente.
La dimension transnationale de cette histoire exemplaire est particulièrement cruciale, car les Arenberg attestent une maîtrise singulière et précoce de l’espace et du temps qui, sans être dénuée d’ambiguïtés et au risque de susciter des crispations, est le gage pour cette grande famille européenne d’une perpétuation de sa position élitaire au fil d’un long XIXe siècle en tout point révolutionnaire.
Caractéristiques
Sommaire
LA RESTAURATION ARISTOCRATIQUE DANS L’EUROPE POST RÉVOLUTIONNAIRE
Vers la constitution de branches nationales
Un lustre dynastique restauré dans l’Europe du Congrès de Vienne (1823-1830)
Créer une branche française
MARGINALISATION POLITIQUE, REDÉPLOIEMENT DES FORTUNES (1830-1850/1851)
Désengagement politique et repli vers les États allemands
La consolidation patrimoniale et notabilitaire : une alternative à l’érosion du pouvoir aristocratique
Réponse socioculturelles à la concurrence bourgeoise
1848 : une reconfiguration temporaire des stratégies familiales ?
RETOUR(S) AU MONDE D’UNE ARISTOCRATIE À RÉINVENTER (1850/1851-1875/1877)
L’apogée de la grande propriété châtelaine
L’engagement décisif dans l’intransigeantisme catholique
(Ré)intégrer les nations : des stratégies divergentes
LES MODERNISATIONS DU MODÈLE NOTABILITAIRE (1875/1877-1897/1898)
Recomposition des fortunes et maintien du rang
Des carrières politiques princières au défi du suffrage universel
Redéploiement et intensification des engagements notabilitaires
La redécouverte des villes-capitales ?
ÉCLATS ET ILLUSION DE LA « BELLE ÉPOQUE » (1897/1898-1914)
Une insolente prospérité financière
Fragilité des retours en politique et vitalité du patronage aristocratique
Ultimes éclats dynastiques et mondains
L’ÉPILOGUE DOULOUREUX DE LA GRANDE GUERRE
Autour de l'auteur
Maître de conférences à l’université de Reims Champagne-Ardenne, Bertrand Goujon est spécialiste de l’histoire du long XIXe siècle et des élites européennes. Il est notamment l’auteur de Monarchies postrévolutionnaires, 1814-1848 (2012) et de Du sang bleu dans les tranchées. Expériences militaires de nobles français durant la Grande Guerre (2015).