Résumé
Qu’est-ce qui nous attache à notre travail ? Pourquoi fait-il par moments immédiatement sens ?
La sociologie du travail, marquée par une tradition de critique humaniste du travail industriel, s’est peu intéressée à la façon dont les acteurs au travail produisent des valorisations et des appuis critiques. Suivre les efforts des travailleurs pour s’orienter mène pourtant à une fabrique du social, où s’élabore une réflexivité de la société sur elle-même.
Dans notre « société de la connaissance », le travail s’écarte toujours plus nettement d’une dépense de force physique, les lieux et les temps de travail deviennent poreux, et son objet même se fait plus complexe, mouvant, indéfini… Se pencher sur les moments de vrai boulot, c’est alors se demander si les travailleurs s’y retrouvent. Quelles formes de vie valorisent-ils et aspirent-ils à partager ?
Une société se construit-elle malgré tout quand le travail semble échapper à l’homme ?
Grâce à une enquête ethnographique menée auprès de techniciens de la téléphonie, cet ouvrage nous plonge au cœur des transformations du travail à l’ère numérique. Il pose la question des figures émergentes du travail et de la société qui s'y construit. Elles appellent de nouvelles manières de parler du travail.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier. — Pourquoi le vrai boulot ?
Le vrai boulot, un angle aveugle
Des vues classiques sur la socialité du travail
Vers le travail comme opération
La crise des figures mécanistes du travail
Le vrai boulot : pour une approche du travail en personne
Des écologies du travail au lien social contemporain
Chapitre II. — G. Friedmann, les sociologues et le travail perdu
Genèse d’une critique humaniste chez Georges Friedmann
L’atelier en critique : la description du travail industriel
Une anthropologie normative : l’individu friedmannien
La norme économique. Hétéronomie et peine dans le travail
L’idéal artisanal ou comment disparaît l’opération technique
Chapitre III. — Qu'est-ce que travailler en personnes ?
Engagement et transgression. Le travail, activité informelle
Engagement et négociation. Le travail, activité productive
Engagement et appropriation personnelle. Le travail, activité incarnée
Engagement et invention. Le travail, accomplissement pratique
Engagement et individuation. Le travail, opération technique
Chapitre IV. — Genèse d'un milieu de travail. Le trafic téléphonique, nouvel objet économique
Quand la vision du trafic sape la topologie du réseau
Cartographier le trafic : comment enrôler les techniciens des centraux ?
Sauvegarder le trafic : peut-on enrôler les techniciens des centraux ?
Naissance de la téléaction et d’une supervision active
Une activité et son sens : deux façons de s’attacher un milieu
Chapitre V. — Le vrai boulot des téléactions. Explorer un monde numérique
L’aisance et les bonheurs de la téléaction. Épreuves motrices
La mise en récit du travail. Épreuves narratives
Croire au trafic téléphonique : une représentation ?
Au contact du trafic. Interagir avec des abstractions
« Être dedans » : une circulation en quête du trafic
Chapitre VI. — La vraie technique. Affirmer une forme de vie
Perplexité devant un monde-écran
La critique des abstractions ou la « vraie technique »
Au principe d’une niche écologique : une division tacite du travail
Le vrai boulot comme exigence. Réflexivité et ressorts critiques
« Être dehors » : activités à-côté, multiactivité, et les autres
Conclusion
L’engagement dans le travail, une question anthropologique
Le vrai boulot. Étudier ce qui importe aux personnes
Aller-retour entre l'acte productif et le travail institution
Annexes
Glossaire
Éléments sur la population enquêtée
Résultats de l'analyse lexicale
Le rapport opératoire au monde
Index nomine
Bibliographie
Autour de l'auteur
Alexandra Bidet est chargée de recherche en sociologie au CNRS (Centre Maurice Halbwachs), ancienne élève de l’École normale supérieure de Cachan et agrégée de sciences sociales. Elle a coordonné l'ouvrage Sociologie du travail et activité (Toulouse, Octarès, 2006) et le manuel Sociologie du travail (Paris, Montchrestien, 2000).