Résumé
Qu’est-ce que la sémiotique peut apporter à l’ensemble déjà imposant des lectures, des interprétations et des commentaires que, depuis le début du XVe siècle, l’Icône de la Trinité d’Andrei Roublev — une des œuvres les plus fameuses de l’art byzantin — a suscités ?
À cette question, Jean-Marie Floch (1947-2001) a tenté de répondre en s’attachant à ce « texte visuel » pendant près d’une vingtaine d’années, et en laissant de cette longue fréquentation un épais dossier de notes, de réflexions et d’analyses. Son objectif déclaré était de parvenir à embrasser, dans une perspective à la fois complète et structurée, les diverses lectures suscitées par cette icône, et ce, grâce à la solidité des outils de la sémiotique visuelle dont il était l’un des plus grands spécialistes.
Deux approches souvent négligées par les commentateurs se trouvaient ainsi mises en valeur. L’approche proprement plastique tout d’abord, dégagée de toute figurativité, et par laquelle — déjà — un sens fondamental se fait jour. L’approche énonciative ensuite, faisant du spectateur un « quatrième personnage », directement concerné par le mouvement plastique de l’œuvre, dont l’observation — la contemplation — est alors à envisager comme une « pratique ».
Ce travail, il fallait le publier. C’est l’objet de cet ouvrage, dans lequel Jérôme Collin, après avoir effectué une classification complète des documents disponibles, construit un parcours analytique ordonné, où sont déployées les différentes lectures (plastiques, figuratives, culturelles, iconiques) permettant, sur une base analytique rigoureuse, de voir progressivement émerger les modes de signification de cette icône.
On s’aperçoit alors, une fois le parcours effectué, que la masse de commentaires (esthétiques, théologiques, mystiques…), au lieu de s’éloigner de l’icône ou de l’étouffer, permet au contraire d’en cerner la richesse et la cohérence, et d’expliquer la fascination qu’elle exerce sur nombre de ceux qui la fréquentent.
Cette synthèse s’accompagne de la reconstitution des diverses interventions publiques données par Jean-Marie Floch sur le sujet, ainsi que d’une présentation détaillée du travail d’imprégnation culturelle qu’il avait mené pour affiner et autoriser sa propre lecture de l’image.
Caractéristiques
Sommaire
Propos liminaire, par Anne Hénault
PREMIÈRE PARTIE. — LECTURES DE L'ICÔNE
par Jérôme Collin
Introduction
Chapitre premier. Dimension plastique
Chapitre II. Dimension figurative pré-iconographique
Chapitre III. Dimension figurative iconographique
Chapitre IV. Dimension iconologique
Chapitre V. Dimension iconique
Conclusion
SECONDE PARTIE. — LE DOSSIER
Interventions publiques, par Jean-Marie Floch, textes présentés et reconstitués par Jérôme Collin
Introduction
Chapitre premier. Les pièces du dossier classées selon la chronologie
Chapitre II. La « quatrième de couverture »
Chapitre III. « Lectures de l'image » : colloque à l’Université de Lausanne (1991)
Chapitre IV. « Voir et croire » : colloque de Bilbao (1995)
Chapitre V. Conférence devant le CADIR (1996)
Chapitre VI. « Le Récit des origines » : colloque de Bilbao (1996)
Chapitre VII. Vers la synthèse : pièces postérieures à 1996
Bibliothèque, par Jérôme Collin, d’après les annotations de Jean-Marie Floch
Introduction
« Bibliothèque iconophile » de Jean-Marie Floch
L'Icône, image de l'invisible, d'Egon Sendler
La Perspective inversée, de Paul Florensky
Entretien écrit avec un religieux orthodoxe
Autour de l'auteur
Élève d'A. J. Greimas, Jean-Marie Floch a mené une triple carrière de consultant, d'enseignant et de chercheur en sémiotique. Dans la même collection, il a publié Identités visuelles (1995) et Une lecture de Tintin au Tibet (1997).
Textes présentés et annotés par Jérôme Collin.
Propos liminaires par Anne Hénault, professeur des Universités en sémiotique. Elle dirige aux Puf la collection « Formes sémiotiques ».