Résumé
Nous applaudissons toujours Molière avec ferveur, mais sommes-nous bien certains de le comprendre ? Les mises en scène les plus marquantes et les plus novatrices d'aujourd'hui font valoir sa profondeur psychologique ou l'audace de ses idées morales, mais parfois au détriment du rire joyeux et profond qui est la marque propre de son génie et à donner sens à son théâtre. Un constat s'impose : on a tiré Molière du côté du drame, on l'a joué comme Ibsen ou Tchékhov, dans l'idée, peut-être, que la gravité, la tristesse et la mélancolie constituaient un label suprême de qualité. Le malentendu date au moins du romantisme, mais il s'est accentué. Il est urgent de le dissiper pour réapprendre à lire Molière et surtout pour retrouver les plaisirs dont nous avons été privés.
Il faut tout d'abord oublier la distinction factice entre hautes et basses comédies. La farce nous conduit dans l'étrange, dans un domaine à la fois hilarant et sérieux où l'on triomphe, en riant, de la violence et de la mort. De plus, certaines comédies-ballets sont jouées sans leurs parties lyriques, réduites au texte seul. C'est méconnaître gravement l'intention de Molière, baladin aux multiples talents, émerveillé dès les débuts de sa carrière parisienne et jusqu'à son dernier souffle par une forme neuve de spectacle et une vision plus large de la vie.
Caractéristiques
Autour de l'auteur
Sir Michael EDWARDS est membre de l’Académie française, professeur émérite au Collège de France, fellow honoraire de Christ’s College, à Cambridge. Sa poésie, en anglais et en français, s’accompagne d’une réflexion autour du sens spirituel de la vie, exprimée dans des livres sur la création littéraire et artistique, sur des sujets philosophiques et sur la Bible. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont, aux Puf, Magie de la ressemblance (2020), Dialogues singuliers sur la langue française (2016), Racine et Shakespeare (2004) et Leçons de poésie (2001).