Résumé
La littérature, dit-on, a horreur de l’académisme. Les « auteurs à dictée » ne seraient pas des auteurs et l’étiquette de « style NRF » est une marque d’infamie. Ainsi est-il d’usage de récuser sans procès toute position valorisant le style et de donner privilège à celle qui ne connaît que les styles, dans leur irréductible pluralité, c’est-à-dire dans leur indépassable singularité.
La modernité n’a pourtant cessé de rêver d’un « style parfait », d’un « bien écrire » régi par des règles valables pour tous, respectueux de principes qui semblent défier le temps et les plumes.
De 1860 à 1960, le débat sur le lien entre norme et style s’est noué autour des mêmes thématiques. Faut-il avoir du style et non un style ? Le style parfait vaut-il style classique ou absence de style ? Est-il soumis à l’évolution et aux genres littéraires, ou bien faut-il le ramener au « génie de la langue » lui-même ? Qui seraient, enfin, les maîtres de ce style parfait ?
Caractéristiques
Sommaire
INTRODUCTION. LE RÊVE DU STYLE PARFAIT
CHAP. PREMIER. « UN IDÉAL (PARDON DU MOT), UN IDÉAL DE STYLE »
De quoi Flaubert est-il le nom ?
Portrait du jeune homme en auteur à dictée : Maupassant
CHAP. II. TOMBEAU D’ERNEST RENAN
Le plus grand prosateur de tous les temps ?
Le défi de Flaubert
CHAP. III. ANATOLE FRANCE ET LA PETITE ÉCOLIÈRE
Portrait d’Anatole France en classe
Portrait d’Anatole France en classique
CHAP. IV. UN STYLE « QUALITÉ FRANCE » ?
Un atticisme moderne
Le « style NRF » : feux et contre-feux
CHAP. V. « L’ÉQUILIBRE DE L’ÉVIDENCE ET DU LYRISME »
Albert Camus, nouveau gardien du langage
« Le grand art, le style, le vrai visage de la révolte »
CHAP. VI. LE STYLE ET LA MÉMOIRE
De Gaulle : une certaine idée de la langue
Sartre : une certaine idée du style
CHAP. VII. PETIT TOUR EN COULISSES
La variante et la norme
Joseph Grand à Cuba
CHAP. VIII. FLAUBERT, OU COMMENT S’EN DÉBARRASSER
Le Flaubert bashing de Jean Cocteau
Le stylo sans maître ?
CONCLUSION. POURQUOI PRÉFÉRONS-NOUS (PARFOIS) LES LIVRES MAL ÉCRITS ?
Autour de l'auteur
Gilles Philippe est professeur à l’université de Lausanne. Il est notamment l’auteur de Le Français, dernière des langues. Histoire d’un procès littéraire, paru aux Presses universitaires de France en 2010. Il dirige par ailleurs l’édition des Œuvres complètes de Marguerite Duras pour la « Bibliothèque de la Pléiade » (Gallimard).