Résumé
L’Europe se trouve aujourd’hui en position d’accusée, souvent par les Européens eux-mêmes, du fait de sa prétention à l’universalité, de sa supériorité proclamée et de son arrogance intellectuelle. Qu’elle n’ait pas toujours été fidèle à ses principes, lors de la colonisation des autres peuples, ne met pourtant pas en cause sa légitimité. La critique de l’Europe n’est en effet possible qu’à l’aide des normes juridiques et des principes éthiques qu’elle a diffusés chez tous les peuples pour connaître le monde plutôt que pour le juger.
Levinas n’avait donc pas tort de louer « la générosité même de la pensée occidentale qui, apercevant l’homme abstrait dans les hommes, a proclamé la valeur absolue de la personne et a englobé dans le respect qu’elle lui porte jusqu’aux cultures où ces personnes se tiennent et où elles s’expriment ». Il faut en prendre son parti : il n’y a pas plus d’égalité des cultures que de relativisme des valeurs. On ne saurait faire le procès de l’universel sans faire appel à la culture qui a donné cet universel en partage aux autres cultures.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction. — La barre des accusés
Le pari de l’Europe
La grandeur de l’Europe
Le projet de l'Europe
La dénégation de l’Europe
Chapitre premier. — La civilisation européenne
L’héritage européen
Les sociétés ouvertes
L’ouverture au monde
L’ouverture à l’homme
Le civilisé et le sauvage
Chapitre II. — L’idée de l’Europe
La primauté de l’Idée
Le soin de l’âme
Le modèle du monde
Le souci de la cité
La recherche de l’identité
Chapitre III. — La culture et les cultures
L’homme universel
La culture humaniste
L’école et l’Université
La relativité des cultures
La métaculture de l’Europe
Chapitre IV. — La colonisation et l’histoire
La philosophie africaine
Le concept d’histoire
La colonisation culturelle
Les méfaits et les bienfaits de la colonisation
Le paradoxe de l’anticolonialisme
Chapitre V. — La crise de la culture européenne
La désappropiation de l’Europe
La perversion de l’ouverture
Le ressentiment contre la civilisation
La déconstruction de la raison
La contradiction autoréférentielle
Conclusion. — Un faux procès
La démesure de la raison
La mesure de la critique
L’identité de l’Europe
L’horizon des horizons
Bibliographie
Autour de l'auteur
Jean-François Mattéi, membre de l’Institut universitaire de France, est professeur émérite à l’Université de Nice et à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. Parmi ses dernières publications, signalons les ouvrages suivants : Le Regard vide (Flammarion, 2007 ; prix Montyon de l’Académie Française en 2008), Le Sens de la démesure. Hubris et Dikè (Sulliver, 2009), L’Identité de l’Europe (avec Chantal Delsol, PUF, 2010) et Albert Camus. Du refus au consentement (PUF, 2011).