Résumé
Depuis le début du XXIe siècle, l’envolée des prix sur le marché immobilier des grandes villes françaises rend difficile l’accès à un logement de qualité pour une partie importante de la population. À Paris, de nombreuses personnes vivent dans des conditions qualifiées d’« intolérables », aux effets sanitaires et sociaux désastreux, que l’on a pourtant laissé perdurer. Dans le but de mettre fin à cette situation, une politique volontariste de résorption du logement dégradé a été mise en place par la Société immobilière d’économie mixte de la ville de Paris en 2002.
De l’expérience vécue par les mal logés à la façon dont les institutions tentent d’enrayer le phénomène, en passant par sa dynamique propre, cet ouvrage répond aux questions essentielles concernant la dégradation du logement. Quels mécanismes aboutissent à la relégation dans les marges les plus insalubres du marché immobilier ? Face à la pénurie de logements sociaux, comment les acteurs institutionnels sélectionnent-ils les candidats au relogement ? Comment les mal logés réagissent-ils face à ces choix ? Comment s’effectue enfin l’accession à de meilleures conditions de logement, parfois dans des quartiers aisés de la capitale ?
L’auteur livre ici le fruit de ses recherches au sein de la SIEMP : un travail ethnographique de fond et une enquête auprès d’un échantillon de plus de 500 mal logés, permettant de mieux appréhender la complexité du phénomène de dégradation du logement.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Première partie. — Les fondements de l’analyse
Chapitre premier. – Les fluctuations de la crise du logement et du rapport au logement dégradé
Des ravages de la guerre au traitement politique de l’insalubrité
Vers une nouvelle crise élargie
Chapitre II. – Le rapport social au logement dégradé
Les effets locaux de la politique municipale de lutte contre le logement dégradé
Le rapport des occupants de logements dégradés aux institutions
Deuxième partie. — La lutte des places sur le marché du logement
Chapitre III. – La « double impasse » des occupants des logements dégradés parisiens
Une population globalement disqualifiée
Un accès au logement de qualité compromis sur le marché privé
Les obstacles sur le marché du logement social
Chapitre IV. – L’espace social du logement dégradé
Les différents visages du logement dégradé
La hiérarchie sociale des mal logés
Troisième partie. — Faire face à l’intolérable
Chapitre V. – Survivre en logement dégradé
Stratégies de débrouillardises et vulnérabilité des mal logés
L’impossible « chez-soi »
Les effets sur la vie sociales
Chapitre VI. – La logique de l’urgence
Le classement institutionnel des mal logés
La gestion de la pénurie
Les attitudes autour des procédures institutionnelles
Quatrième partie. — À l’épreuve des institutions
Chapitre VII. – Jouer le « jeu »
Une attitude compréhensive
La critique du « jeu » au nom de l’égalité
La prise de parole
Chapitre VIII. – Contester les règles du « jeu »
L’attente et la perte de confiance
La critique du jeu au nom du mérite
Un faible engagement militant
Cinquième partie. — Le destin des mal logés
Chapitre IX. – Les conditions du passage
Aux portes du logement social
Le « passage » vers le logement de qualité
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes
Les dispositifs institutionnels
Liste des personnes interviewées
Les inégalités de conditions de vie : résultats statistiques
Le rapport au « jeu » institutionnel : résultats statistiques
Répartition géographique de l’échantillon enquêté sur le territoire parisien
Autour de l'auteur
Pascale Dietrich-Ragon, docteur en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales, est chargée de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED). Elle est membre associée à l’équipe de recherche sur les inégalités sociales du centre Maurice Halbwachs.
Prix de Recherche Caritas-Institut de France