Résumé
Ce texte enrichit la série d'ouvrages sur le judaïsme dans ses relations avec la philosophie allemande. Il relève à la fois de l'histoire des idées et de la problématique philosophique.
Dans un contexte d'émancipation de la société bourgeoise européenne jusqu'aux lendemains de la révolution de 1848, la pensée allemande ancrée dans l'idée de progrès inscrite dans la tradition rationaliste tout en se voulant héritière de la Réforme, résiste à l'intégration des Juifs dans la société moderne. Ignorant les efforts de l'intelligentsia juive pour nouer un dialogue et s'inscrire dans la modernité, la philosophie s'appuyant sur la critique de la Révélation, de la religion et sur les préjugés sociaux opère le passage de l'antijudaïsme à l'antisémitisme moderne. Dans une lecture réductrice de la religion juive, elle procède à une rationalisation de la haine contre les Juifs à laquelle elle apporte une caution pseudo-scientifique.
L'antisémitisme est une partie intégrante de la philosophie de l'histoire et de la religion. Il contamine la pensée du progrès et de Kant au jeune Marx, tous les philosophes contribuent à l'élaboration de ce "Juif imaginaire". L'exclusion du Juif reflète enfin le désir de plus en plus affirmé de l'Allemagne d'apparaître comme le nouveau peuple élu disputant à Israël le "privilège" de ce titre.
Caractéristiques
Autour de l'auteur
Andrée LEROUSSEAU est docteur en philosophie (cet ouvrage est issu de sa thèse de doctorat soutenue à l'Université de Lille sous la direction de Pierre Vaydat)