Résumé
Ce "goût des larmes" est une enquête sur le pathos au XVIIIème siècle. A cette époque on pleure beaucoup, seul ou en public, au théâtre ou en famille, en lisant ou en écrivant. Se situant à la croisée de la rhétorique, de l'esthétique et de l'idéologie, ce livre met en lumière les ambiguïtés du pathos, cette notion qui emprunte autant au sublime qu'à l'obscène.
L'auteur a utilisé les dictionnaires de l'époque ainsi que le programme "Frantext" pour donner une définition précise du pathos qui est également analysé dans la théorie esthétique du XVIIIème siècle.
C'est ainsi qu'est posée la question des rapports entre le pathos et la poésie en un siècle où le statut de cette dernière ne va pas de soi. Le pathos s'inscrit dans une esthétique particulière fondée sur le mélange généralisé des genres et des formes. Il laisse une place prépondérante au corps qui accède ainsi à un nouveau statut littéraire.
Le pathos est à la recherche d'un langage nouveau, ce qui l'amène à privilégier certaines figures de rhétorique et certains signes de ponctuation pour tenter de dire l'indicible et ainsi échapper à la tentation du silence.
Le pathos s'adresse à un public paradoxal : si ce dernier sait apprécier les atrices qui possèdent le don des larmes, cette capacité à faire pleurer en pleurant soi-même, il n'est pas toujours dupe des stratégies voire de la perversité du pathos.
Texte de couverture
Caractéristiques
Sommaire
Table
Introduction
PREMIÈRE PARTIE UNE NOTION AMBIGUË
1 « Pathos » et « pathétique » dans les dictionnaires et le logiciel Frantext
Étude lexicale : une synonymie illusoire
Étude statistique : sous le signe de la disproportion
Étude détaillée des occurrences de « pathos » dans Rousseau juge de Jean-Jacques
2 Le « pathos » et le « pathétique » dans la théorie esthétique du XVIIIe siècle
Pathos et poésie : A quoi bon la détresse dans des temps sans poètes ?
La réflexion théorique de Marmontel et de Chamfort
La promotion théorique du sentiment : les Réflexions critiques sur la poésie et la peinture de l’abbé Du Bos
3 Pathétique, tragique, dramatique : essai de typologie
Des distinctions théoriques parfois confuses
L’importance des mutations sociales et idéologiques
Un critère efficace : l’ironie
DEUXIÈME PARTIE L’ESTHÉTIQUE DU PATHOS
4 Le mélange des genres et des formes
Roman et musique
Roman et peinture
Roman et estampe
Roman et théâtre
Théâtre et roman
5 L’inscription du corps
Sémiologie du corps pathétique
Corps souffrant et corps social : la domestication des émotions
Le sexe des émotions : pathos, hystérie et virilité
6 Figures : vers l’invention d’un langage
Grammaire du pathos
Comment dire l’indicible ?
La tentation du silence
Conclusion
Annexe Élégie, souffle historique et pathétique dans la poésie d’André Chénier
Autour de l'auteur
Anne COUDREUSE est ancienne élève de l'Ecole normale supérieure de Fontenay, agrégée de lettres modernes et maître de conférenes à l'Université de Toulon